Féminisme Grossophobie LGBTQ+ Racisme Societé Validisme
Guide de survie féministe pour les fêtes Roseaux, magazine féministe  Janna



N.B. : Dans la deuxième partie de l’article, « Des idées de réponses pour t’aider », nous reproduisons des propos oppressifs, accompagnés d’idées de réponses (punchlines ou arguments). Il y a donc des propos racistes, homophobes, sexistes, etc. Tu peux sauter cette partie si la lecture de telles phrases te met trop mal à l’aise.

N.B. bis : Nous n’avons pas de punchlines et d’arguments pour tous les sujets, mais nous t’invitons à nous les communiquer – en commentaires ou par message – afin que nous puissions compléter l’article, qui a vocation à évoluer pour devenir le plus complet possible. .

Les fêtes de fin d’année sont de retour, et avec elles les repas de famille, qui sont bien souvent éprouvants. Voici donc un guide de survie, qui nous l’espérons te donnera du courage, des idées de réponses et de self care afin d’éviter de ressortir de là en plusieurs morceaux. Pour nous aider, nous avons demandé à des associations, des collectifs militants, et des militant·e·s de formuler un ou plusieurs propos oppressifs qui reviennent le plus souvent, et de donner des réponses (et des punchlines) pour y répondre efficacement. Merci à elleux pour leurs contributions.

 

Comment survivre en limitant la casse

La technique du « pourquoi »

Une technique appréciée de beaucoup, parce que facile à mettre en œuvre et drôlement efficace. Il te suffit de demander « pourquoi » à chaque affirmation x-phobe.

Exemple : « J’en ai marre des féministes ! – Pourquoi ? – Parce qu’elles en font trop ! – Pourquoi ? – Elles demandent trop de choses on n’y comprend rien ! – Pourquoi ? – Euh… »

Et ainsi de suite. Tu peux ainsi voir la personne en face de toi s’enfoncer petit à petit. Crois-moi, c’est délicieux à observer. Attention cependant : cette technique est susceptible d’énerver ton interlocuteur·trice, à adapter donc en fonction de chacun·e.

Avec la variante de Zoé : « Je n’ai pas compris, tu peux m’expliquer ? » à une blague sexiste, raciste etc. Efficace pour voir la personne s’empêtrer et devenir rouge de gêne.

Si tu passes les fêtes dans une famille qui parle une autre langue, tu peux faire comme Auriane : faire semblant de ne pas comprendre.

 

Mettre les gens face à leurs contradictions

Les gens qui abordent la question féministe en plein repas de famille n’y connaissent en général – et dans le meilleur des cas – pas grand-chose, voire rien du tout. Les mettre face à leurs contradictions demande certes un peu plus d’énergie et de pédagogie que la technique du « pourquoi » mais peut se révéler tout aussi jouissive.

Exemple : « Moi je suis humaniste, pas féministe ! – Donc les droits des femmes et des minorités ça n’est pas important pour toi ? – Ah non je n’ai pas dit ça ! – Pourquoi tu ne veux pas te dire féministe alors ? – Non mais tu comprends c’est trop extrême, comparé à l’humanisme… – Se battre pour l’égalité, c’est trop extrême ? – Non, mais… euh… »

Tu auras ainsi le plaisir de voir ton interlocuteurice se décomposer sur place, c’est très drôle. Avec, en bonus, de fortes chances qu’on te laisse tranquille par la suite à ce niveau-là.

 

Choisir ses combats

Une autre manière de ne pas passer toute ton énergie, ta pédagogie et ta patience dans des discussions stériles, c’est de choisir tes combats. Cela peut passer par une sélection de propos problématiques que tu ne laisseras pas passer si tu les entends à table. Deux options s’offrent à toi :

1. Ne relever que les propos discriminants qui te concernent directement
Cela peut être une bonne solution si tu ne te sens légitime qu’à relever les propos discriminants qui concernent des oppressions que tu vis au quotidien. Il peut également être plus facile d’argumenter en te basant sur ton vécu personnel. L’inconvénient, cependant, est qu’on a en général moins de distance, et donc plus de susceptibilité et moins de patience lorsque sont abordés des thèmes qui nous touchent directement. À toi de voir, donc, en fonction de si tu es à l’aise avec ça ou pas.

2. Ne relever que les propos discriminants qui ne te concernent pas
Autre option, qui permet de te protéger en partie parce que ce ne sont pas des propos qui te concernent directement. Ne relever que les propos problématiques qui ne te concernent pas peuvent te permettre d’avoir suffisamment de distance émotionnelle (mais cela dépend de chacun·e) pour réagir et répondre avec patience et pédagogie.

À toi de voir ce qui te correspond le plus !

 

Ne pas (nécessairement) être le·a féministe de service

Tu n’as pas d’obligation à la pédagogie ! On ne saurait le répéter assez. Ne te sens surtout pas obligé·e d’intervenir chaque fois que tu entends quelque chose qui te fait sauter au plafond. Cela peut être plus ou moins compliqué selon ta personnalité de ne pas réagir, mais il s’agit aussi et surtout de prendre soin de toi.

Quand on est militant·e, nos proches (famille, ami·e·s, collègues, etc.) ont cette fâcheuse tendance à nous prendre pour l’encyclopédie de service et/ou pour l’argumentaire de service : qu’est-ce que ça veut dire, intersectionnalité ? Qu’est-ce que tu penses des femmes voilées ? Des Femen ? Et de #metoo ?

 

 « Le problème avec les femmes c’est …
qu’elles ne comprennent pas le féminisme aussi bien que moi »

 

Si tu n’as pas envie de te lancer dans de grandes discussions, tu as deux possibilités :

1. Dire gentiment mais fermement que tu n’as pas envie de discuter de féminisme, et changer de sujet de conversation (pas forcément des gilets jaunes, sujet sur lequel chacun·e a potentiellement un avis différent et/ou très tranché, mais plutôt du délicieux repas préparé par mamie, ou n’importe quel autre sujet pas trop politique).

2. Renvoyer les gens vers des ressources féministes (articles, vidéos, schémas, livres, etc.), par exemple en passant par la désormais incontournable base de données féministe Ba(f)fe, où tu trouveras de quoi satisfaire la curiosité de tout le monde comme le tag « Réponses aux arguments anti-féministes« . Testé et approuvé « Je veux bien répondre à ta question et t’expliquer plus en détail mais demain, d’abord tu lis ces 3 articles et après on en reparle ».

 

Des idées de réponses pour t’aider

Nous avons listé ci-dessous les propos oppressifs ainsi que les puchlines et/ou arguments pour y répondre. Nous remercions chaleureusement les militant·e·s, associations et collectifs qui ont répondu à notre appel ! Nous n’avons pas de punchlines et d’arguments pour tous les sujets, mais nous t’invitons à nous les communiquer – en commentaires ou par message – afin que nous puissions compléter l’article, qui a vocation à évoluer pour devenir le plus complet possible.

Merci à Aïssa, fondatrice du blog Women of Colour, pour sa contribution !

 

 « Ce sont tes vrais cheveux ? »
Non ce sont des faux, tu devrais d’ailleurs en mettre car les tiens sont bien moches.

 

 « Qui est-ce que tu préfères entre les hommes noirs et les hommes blancs ? »
Les hommes intelligents et ce n’est pas ton cas.

 

 «  Quand on me demande si je connais cette personne parce qu’elle est noir·e »
Oui on se connaît tous·tes. Il y a deux tribus, les utus et les umus. On est tous·tes de la même famille.

 

 « Tu laves tes tresses ? Et avec quoi ? »
Oui, avec des produits d’entretien, vu que ce ne sont pas des cheveux communs, ils méritent un traitement spécial.

 

Merci à Gras Politique d’avoir recueilli et de nous avoir transmis ces témoignages !

 

 « Je vois que tu n’as toujours pas maigri ? Comment tu comptes réussir si tu restes grosse ? »
« Ah ben oui quand on est gros·se on ne réussit pas…. En attendant j’ai un poste avec des responsabilités et je suis très épanouie… Merci le tonton ou la tata ou les grands-parents relou… Et bonne chance à tou·te·s pour l’épreuve des fêtes de fin d’année ! »

 

 « Ah ben voilà Julie qui mange encore un chocolat, comme c’est étonnant ! »
« Qu’est-ce que tu crois, un corps comme le mien ça s’entretient ! »

 

« Tu fais toujours du vélo ? Et ça ne marche toujours pas ? »
« Si si, ça muscle vachement, mais je garde mon gras pour protéger mes nouveaux muscles / ma nouvelle silhouette intérieure. »

 

« Tu te ressers, tu es sûr-e que c’est une bonne idée ? »
« Tu me fais une réflexion faussement bienveillante sur la bouffe, tu es sûr·e que c’est une bonne idée ? » (Merci à Sei pour la punchline)

 

Merci à Chez Papa Papou pour leur contribution.

 

« De toutes façons, les homos ne peuvent pas avoir d’enfant. »
Si, et ça fait belle lurette qu’ils les élèvent avec amour. Que ce soit des enfants issus d’une précédente relation hétérosexuelle, des enfants arrivés grâce aux techniques de procréation, comme la PMA, la GPA, etc, des enfants adoptés, conçus en coparentalité, ils sont là et ces familles aussi ! Ils n’ont pas attendu le feu vert de l’État pour s’autoriser ce bonheur de construire une famille, et ce, même s’ils ont dû soulever des montagnes pour y parvenir… Donc oui les LGBT+ ont des enfants, et scoop, certains ont même des petits-enfants ! Et tout le monde va très bien, merci.

 

« Un enfant a forcément un papa et une maman. »
Non. C’est l’embryon qui est nécessairement conçu à partir d’un gamète mâle et d’un gamète femelle. Mais un enfant, lui, a besoin au quotidien de parents qui le portent pour grandir et l’aiment de manière inconditionnelle. Un gamète n’est pas suffisant pour faire un bon parent, et ça ne sert à rien pour préparer des petits pots, donner le bain, apprendre la propreté, lire des histoires ou faire des câlins. Pour être épanoui·e, rien de mieux que des parents amoureux, engagés et responsables jour après jour auprès de leur enfant, et ce quelque soit leur orientation sexuelle ! Et, non il n’y pas de prédispositions féminines pour la douceur et masculines pour l’autorité, chacun a ses cordes à son arc, tout est beaucoup plus fluide que ça !

 

« C’est horrible de priver un enfant de son père / de sa mère ! »
Non. L’enfant n’est pas privé d’une mère ou d’un père, mais on lui offre au contraire une deuxième mère ou un deuxième père, quelle chance ! Et il sait souvent tout de son histoire assez tôt ! Les secrets dans le placard, la dissimulation, l’esquive, l’histoire des roses et des choux… Bof, très peu pour nous, quand on s’assume, on est fier de raconter à son enfant les conditions de son arrivée. Et ce dès le plus jeune âge, pour qu’il se l’approprie et puisse bien se construire ! Chacun·e à sa place, parent, donneur, gestatrice sans confusion du rôle et de la responsabilité de chacun·e.

 

« Les enfants d’homos vont devenir homos. »
On ne sait pas d’où vient l’homosexualité, la source n’a pas encore été localisée, c’est fantastique, ça peut tomber sur tout le monde ! Du coup, les enfants issus de familles homoparentales n’ont pas de prédispositions à l’homosexualité. Par contre, il est certain qu’ils seront de fait davantage sensibilisés à la différence et donc à l’ouverture d’esprit et au respect des autres.

 

« Attention, c’est rose, c’est pour les filles ! »
NON, il y en a marre de cette vision stéréotypée qui inonde tout, détendez-vous avec ça ! Un garçon peut porter du rose, ou enfiler une robe, une fille peut aimer le bleu et rêver de devenir une vaillante chevalière. Quel que soit son genre, on peut prétendre à tous les jouets, à toutes les activités, tous les vêtements et surtout à tous les rêves d’enfant !

 

 « Mais c’est pas du harcèlement, c’est de la drague ! »

On peut ressortir le super tableau de Paye ta Shnek avec une super explication :

« La différence entre drague et harcèlement, c’est tout simplement le consentement. Et pour s’assurer du consentement d’une personne, il suffit de lui poser la question, et de respecter sa réponse si elle est négative. La drague, c’est un jeu qui se pratique à deux. Le harcèlement, lui, s’impose d’une personne sur une autre. »

 

« C’est pas si grave, et puis il y a des choses plus importantes »
Ressortir l’iceberg des violences sexistes par le collectif féministes contre les cyberviolences qui décortique bien les différents aspects que peuvent prendre le sexisme.

 

«  Les femmes sont bien plus avantagées de nos jours »
On peut ressortir la liste des privilèges masculins.

1. Si tu es de mauvaise humeur un jour, personne ne pensera que c’est à cause de ton sexe.
2. Tu peux être négligent avec ton argent, et personne ne l’attribuera à ton sexe.
3. Tu peux être un chauffeur négligent, et personne ne l’attribuera à ton sexe.
4. Tu peux être sûr de toi avec tes collègues, et on ne pensera pas que tu as été embauché à cause de ton sexe.

 

« Les féministes veulent trop l’égalité », « Les boites de nuit sont gratuites pour les femmes », « Il y a  aussi des femmes sexistes »
Autant de propos sexistes que Gingerforce réfute avec des vidéos d’environ 2-3min avec des arguments simples dans sa série « Un cookie ? ».

 

« On peut plus rien dire aujourd’hui »
Pourtant c’est drôle,  je peux encore t’entendre te plaindre  / C’est vrai, quelle tragédie de ne plus pouvoir être oppressif, ça doit être une souffrance insoutenable… (Merci à Laurie pour cette punchline)

 

« Ah ces femmes, toujours à papoter »
Ah ces hommes, toujours à dire de la merde. (Merci à Laurie pour cette punchline)

 

Merci à Lallab pour cette contribution, dont l’intégralité est à lire dans l’article « Ma réponse aux 14 arguments les plus courants contre le voile« .

 

« Quand je voyage dans des pays musulmans, je m’adapte, alors c’est normal que vous vous adaptiez aussi… »
Tu l’as dit toi-même : vous voyagez dans des pays musulmans, où vous êtes étranger.e.s. Moi, je suis citoyenne de ce pays. Et puis tu critiques ces pays, mais tu veux faire la même chose qu’eux, à savoir imposer aux femmes une certaine façon de s’habiller ? Sans oublier que la plupart des pays musulmans n’impose pas le voile, encore moins aux touristes (oui, parce que les pays musulmans ne se limitent pas aux pays du Golfe, Wikipedia est ton ami). De toute façon, j’imagine que tes voyages t’emmènent moins souvent en Iran qu’à Djerba, or ça m’étonnerait que tu aies dû y porter un hijab assorti à ton bikini.

 

« La religion appartient au domaine privé »
Ah bon, et depuis quand ? Depuis qu’on amène l’islam dans les débats publics en permanence ? Pour info, il y a quelques petites choses qui vont avec la liberté de conscience, et qui s’appellent la liberté de culte et la liberté d’expression. Ça va être fun, une société qui garantit la liberté de conscience et d’expression à condition que ça reste dans l’opinion dominante ou bien au chaud dans notre tête.

 

« Les femmes sont forcées à le porter (le voile ndlr) »

Il y a DES femmes qui sont forcées à le porter. Et il y en a d’autres qui le choisissent. Les chercheurs.ses sur la question en France affirment qu’on a fait une généralisation de certains cas de femmes forcées à le porter, et qu’on a présenté comme des exceptions celles qui l’ont choisi, alors que c’est l’inverse : la plupart des femmes en France le portent de leur plein gré. Et il se trouve qu’elles aimeraient bien mener leur vie tranquillement, qu’on respecte leur libre-arbitre et qu’on les laisse un peu RESPIRER. Aider les femmes qui ne veulent pas porter le hijab n’est pas incompatible avec le fait de laisser celles qui l’ont choisi le porter.

De toute façon, si on est des victimes oppressées, il faut nous bichonner et s’en prendre plutôt à nos bourreaux, non ?

 

Merci à Un podcast à soi pour sa contribution. Pour plus d’arguments sur cette question, vous pouvez aller écouter l’épisode Féminin / Masculin : mythes et idéologies de la préhistoire aux jouets.


« Oui, mais tu vois bien que, même quand on éduque les filles et les garçons de manière égalitaire, ils se tournent naturellement vers les voitures pour les garçons, et vers les poupées pour les filles »

Ce n’est pas quelque chose de naturel. C’est quelque chose de construit. C’est ce qu’on appelle la socialisation différenciée, étudiée et décrite par de nombreux et nombreuses chercheurs et chercheuses . Cette socialisation est très fine, imperceptible et ce n’est pas uniquement le fait des parents, mais aussi des autres éducateurs, des films, des livres, des publicités etc…

 

« Il y a quand même des jouets pour les filles et des jouets pour les garçons, c’est comme ça »

La seule question à se poser c’est : a t on besoin d’un organe sexuel pour jouer avec ce jouet ? Si oui, c’est que le jouet n’est pas destiné aux enfants. Si non, alors, ça veut dire que les filles et les garçons peuvent jouer avec. Tu trouves qu’on a vraiment besoin d’un zizi pour jouer aux voitures ? Tu trouves qu’on a vraiment besoin d’une zézette pour jouer à la poupée ?

 

« Les races n’existent pas, seulement la race humaine »

"Cette phrase -bien que vraie biologiquement parlant- est un gros foutage de gueule (ou à minima une preuve d’une naïveté sans nom). Lorsqu’une personne noire vous parle de race, elle en parle sociologiquement, elle vous parle des Zemmour qui ne voient que la donnée de la couleur de peau pour légitimer le profilage racial (et qu’on laisse parler de surcroît). Alors venir dire la bouche en cœur qu’on fait tous partie de la même race biologique, ça lui fait une belle jambe (et lui colle l’envie de vous baffer au passage…) ! C’est encore user de son privilège pour détourner la conversation." — Extrait de l'article Jouons au bingo raciste de Ms Dreydful à lire dans son intégralité à lire dans son intégralité ici.

 

« Tu es trop agressive, cela nuit à ton message »

"Étrangement, c’est l’un des arguments les plus difficiles à contrer. Pourquoi ? Parce que ce n’en est pas vraiment un. C’est surtout un moyen de détourner ou clore le débat, de discréditer la personne d’en face sans avoir à répondre à ses arguments."  — Le reste de la réponse est à lire sur çafaitgenre.org.

 

« Tu donnes une mauvaise image des féministes »

"Toute prise de parole d’une féministe est scrutée, observée, décortiquée, au cas où ce qu’elle dit pourrait révéler que « le féminisme » dans son ensemble est une fraude. Combien de fois ai-je vu des sympathisants auto-proclamés déclarer, après s’être disputés avec une féministe, que cela remettait en question leur « sympathie » pour la cause ? Sympathie bien fragile, visiblement, si elle peut être mise en danger par le moindre faux pas (réel ou supposé) de la part d’une seule représentante de la cause en question. A moins que vous ne considériez que le féminisme est tellement fragile et peu légitime en soi que le moindre faux pas suffit à faire s’écrouler l’édifice – et là on entre dans un tout autre débat." Le reste de l'argumentation est à lire sur çafaitgenre.org.

 

« On devrait se débarrasser du terme ‘féminisme’ »

"« Humanisme » ou « égalitarisme » ne pourront jamais le remplacer, pour une raison simple : l’intérêt du terme « féminisme » est qu’il rend les femmes visibles. Il nomme les victimes du patriarcat et, implicitement, les bénéficiaires de leur oppression. Il vise à donner une voix aux femmes, à faire d’elles des sujets politiques, les actrices de leur propre libération." Le reste de l'argumentation est à lire sur çafaitgenre.org.

 

« Tu subis la maladie plutôt que de vivre »

 

Comment être un·e allié·e qui assure ?

L’allié·e, c’est cette personne qui ne subit pas personnellement une discrimination X, mais qui fait tout pour ne pas la reproduire et pour faire en sorte qu’elle ne se produise pas dans son environnement (couple, famille, cercle d’ami·e·s, travail, études, etc.). Voici donc des ressources pour se préparer à être un·e allié·e qui assure pendant les fêtes (à appliquer aussi au quotidien !)

Utiliser son privilège pour donner la parole
Si tu as des personnes victimes de discrimination·s autour de toi pendant les fêtes, nous te conseillons la lecture de ces articles afin d’en savoir plus les comportements à adopter :


Trouver des allié·e·s de circonstance

Imprimer des bingos (féminisme, anti-racisme, anti-racisme n°2, humour oppressif, queer & féminisme, antisémitisme, et les remplir, si possible à plusieurs, peut être un très bon moyen de tourner des propos oppressifs en dérision. L’énervement partagé devient complicité et donc source de rires et de sourires partagés.

 

Des conseils pour les personnes ayant des TCA

Les troubles du comportement alimentaire (TCA) touchent beaucoup de personnes, et particulièrement les (jeunes) femmes. Les gérer au quotidien est déjà difficile, et les fêtes de fin d’année, accompagnées de leurs traditionnels repas, les rendent encore plus compliqués à gérer. Voilà donc quelques conseils, fournis par des concernées.

« Alors ayant souffert d’anorexie, je pense que le pire propos que je pouvais recevoir c’était : « ça va, ça va pas te faire grossir ! » (ou variante : « profite pour une fois »). Dans ce cas-là je n’avais pas trop de punchline parce que rationnellement je savais que c’était plus ou moins vrai. Si, une fois j’avais répondu « désolée que mon anorexie ne soit pas calée sur le calendrier des fêtes ». Sinon, niveau conseils, je dirais essayer d’être assis·e à côté d’une personne ressource ou une personne safe à qui on va pouvoir dire si on panique et qui saurait bien réagir (genre pas nous sortir des trucs oppressifs mais nous aider vraiment, nous soutenir). Après en fonction du trouble et de ce qui nous aide, on peut s’enquérir du repas. Genre moi ça m’angoissait vraiment de ne pas savoir ce qu’il y aurait à manger donc j’essayais de savoir pour pouvoir me préparer, même si évidemment c’est jamais le top de planifier et contrôler… En fait ce que j’aimerais vous dire si vous avez des TCA et que les repas de fête c’est l’angoisse, c’est « ne vous mettez pas en danger si vous le pouvez ». Genre ouais c’est aller dans le sens de la maladie de planifier et de contrôler, mais si c’est le moins douloureux et le moins inconfortable pour vous de contrôler ce jour-là, tant pis. Le plus important c’est que vous soyez safe au maximum.

Je ne sais pas si c’est clair mais pour résumer : essayer de s’entourer de personnes safe (au moins une, ou alors un·e pote avec qui on peut parler par sms pendant la soirée par exemple), se donner le maximum de bienveillance/back up rassurant, ne pas trop s’en demander et faire les choses étape par étape.  » – M

« Si possible, demander à un membre de sa famille qui sera là et qui est au courant de vos troubles alimentaires de faire tampon. Par exemple changer le sujet lorsque quelqu’un fait une remarque sur le poids ou la nourriture, demander qu’aucune réflexion ne soit faite sur votre poids, apparence ou les quantités que vous mangez, être là pour vous soutenir moralement. S’asseoir le plus loin possible des personnes toxiques.  » – O

Prendre soin de soi

Et pour finir, comment prendre de soin de soi pendant ces fêtes de fin d’année, afin de résister au mieux à ces fameux repas de famille ?

Si on peut te donner un conseil pour terminer ce guide de survie, c’est de prendre soin de toi avant tout. Ce fameux self care dont on parle toujours plus dans la sphère militante devrait être au centre de ces moments de fin d’année.

Pour te donner quelques idées, voici une liste non exhaustive des options qui s’offrent à toi (à adapter évidemment en fonction de tes besoins, de ta situation personnelle, de tes moyens, etc.) :

  • Qui dit self care dit souvent comfort food : la nourriture qui fait du bien, qui réchauffe, qui réconforte. Cela peut être sucré ou salé, chaud ou froid, gras ou sain, à toi de voir en fonction de ce qui te fait du bien !
  • Prendre soin de son corps : nos sociétés occidentales étant très fan de la fameuse séparation entre le corps et l’esprit, on en vient souvent à oublier son corps, et donc à oublier d’en prendre soin : tu peux te faire couler un bain avec des trucs qui font des bulles ou de la mousse, te faire un masque, te mettre de la crème hydratante avant de dormir comme dans les séries, etc.
  • Traîner dans tes habits les plus confortables et préférés : glandouiller en jogging ou en pyjama pendant les vacances, c’est la vie. Alors c’est le moment de ressortir ce que tu as de plus confortable et de traîner H24 comme ça si tu en as envie !
  • Se créer une bulle féministe : souvent, pendant les fêtes / vacances de fin d’année, on voit moins ses ami·e·s féministes que d’habitude ; beaucoup rentrent dans leurs familles respectives et/ou n’ont pas beaucoup de temps à cause des fêtes. À toi alors de te créer une petite bulle féministe, dans laquelle tu pourras te réfugier chaque fois que tu en ressentiras l’envie et/ou le besoin. Cela peut passer par des films, des séries, des podcasts, ou des livres : on a plusieurs sélections dans lesquelles tu trouveras de quoi tenir de longs jours et de longues nuits, on t’encourage à piocher dedans à ta guise !
  • Sociabilisation féministe : dans la mesure du possible, tu peux te réserver des moments où tu vois tes connaissances ou ami·e·s féministes. Cela permet de recharger les batteries, de reprendre espoir en l’humanité (oui, rien que ça), bref tu vois le genre. Cela peut passer par Internet côté féministe, où tu trouveras toujours quelqu’un·e avec qui échanger, même à 23h le 24 décembre. Cela peut également être IRL, si tu as des féministes dans ton coin. Petit conseil si tu es LGBTQ+ : la communauté organise souvent quelque chose pour Noël ou pour le 31, dans les bars ou dans les boîtes, ce qui peut également être une solution si tu en as la possibilité et l’envie.
  • Enfin, il y a tous ces petits gestes qui font du bien : sortir fumer au calme et loin de papy raciste et tonton sexiste ; aller te balader un peu pour prendre l’air, te mettre une playlist féministe dans les oreilles, etc. etc. À adapter en fonction de ce qui te fait du bien.

 

Nouveautés de 2019

De plus en plus de militant·e·s créent du contenu pour survivre aux fêtes de fin d’année. Voilà notre sélection :

1. Un épisode dans lequel celles qui animent Kiffe ta race, Camille, et Les Couilles sur la table se rassemblent pour discuter de stratégies argumentatives efficaces lors des repas de famille, à retrouver sur la plateforme Binge Audio. On retrouve dans la description de l’épisode des conseils de séries, de films, de podcasts pour aller plus loin.

2. L’épisode 66 du podcast Quoi de meuf, « Faut-il séparer l’artiste de l’œuvre ? » qui revient sur l’affaire Polanski. Le sujet sera probablement abordé pendant les repas de fêtes, et cet épisode te donne de quoi argumenter.

3. La vidéo de Vivre Avec (avec sous-titres non-automatiques) qui donne 6 conseils aux personnes avec une maladie chronique pour s’organiser au mieux et vivre au mieux cette période-là. Si le format vidéo ne te convient pas, tu peux également consulter l’article qui va avec la vidéo.

 

Tu veux rire un peu pour finir ? La République en marche (LREM) a elle aussi publié fin 2018 un guide pour les fêtes : tu sélectionnes ce qu’on reproche à Macron, par exemple « Vous êtes contre le peuple, vous êtes des élites déconnectées du peuple », et on te donne des arguments de réponses, par exemple « Nous sommes d’accord pour dire que les élites sont depuis bien trop longtemps déconnectées du peuple : la politique au niveau national est devenue une profession, avec des gens qui enchaînent les mandats parfois depuis 20 ans ; et il est trop rare de voir un dirigeant de grande entreprise issu d’un milieu modeste. Mais c’est justement pour changer ça qu’on s’est engagés ! » On te laisse juger de l’ironie de la chose.

 

Toute l’équipe de Roseaux te souhaite une bonne fin d’année ! On espère que ce guide de survie t’aura fait du bien et t’aidera à surmonter cette période. Une dernière solution que certain·e·s appliquent est de ne plus aller aux fêtes de famille, radical mais efficace. Ce guide est là pour celleux qui n’ont pas la possibilité d’y échapper.

Si tu as des conseils ou des retours d’expérience, on sera ravies de les lire dans les commentaires ! Un grand merci également aux contributeurices qui ont enrichi la deuxième partie de cet article.

On revient en début d’année avec plein de nouveaux articles, prends soin de toi d’ici-là !





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