Santé Societé
Le VIH & le sida en 10 questions (et autant de réponses) Roseaux, magazine féministe  General Idea (Felix Partz, Jorge Zontal et AA Bronson), One Day of AZT, 1991 theredlist.com



Cet article fait partie du dossier "VIH & Sida".
NB. Nous ne prétendons pas apporter un rapport exhaustif sur le virus et la maladie. Nous tâcherons d’apporter ici des éléments de réponses aux questions les plus fréquemment posées à Google à propos de ces deux mots-clé. Pour rappel, rien ne remplace un avis médical !
L’autrice tient à remercier Claire et Charlotte pour leurs relectures et leurs conseils.

Comment se transmet le VIH ?

Je vais commencer par répondre à LA question la plus posée, avant même celle-ci, en réalité : le sida / le VIH se  transmet-il par la salive ? La réponse est Non, pas vraiment. Tu confonds avec la mononucléose ou l’herpès, qui, eux, se transmettent de bouche à bouche. La salive n’est pas un vecteur de transmission du virus du HIV. Un bémol : dans le cas de lésions (coupures, saignements…) des deux côtés, le virus peut effectivement être transmis.

Le VIH se transmet :

  • par le sang
  • par le sperme, les sécrétions vaginales et le liquide pré-séminal
  • par le lait maternel

Les situations de contamination possibles sont donc :

  • les rapports sexuels non protégés (vaginaux, anaux, fellations dans une très faible mesure), qui sont actuellement le cas le plus fréquent de transmission du virus
  • l’accouchement et l’allaitement
  • le contact avec du sang ou un objet infecté, comme par exemple une seringue utilisée par plusieurs personnes. La transfusion sanguine est le mode de transmission le plus virulent, avec 90 % de risques de contamination après une exposition.

Pour qu’il existe un risque de contamination, un contact avec la peau intacte ne suffit pas, car le virus ne survit pas à l’air libre et une peau non lésée constitue une barrière naturelle à des tas de trucs, notamment les virus. Le cunnilingus, quant à lui, est moins risqué que la fellation.

Tout ça, ça veut aussi dire que serrer la main, faire un câlin, partager une assiette avec ou boire dans la même bouteille qu’une personne séropositive ne comporte aucun risque. La transpiration et la salive ne sont pas des vecteurs de la maladie, tu peux donc tranquillou danser joue contre joue avec n’importe qui, tu n’attraperas pas le VIH. Et avec un préservatif, tu peux même faire l’amour avec.

Beaucoup de personnes ignorent quels contacts sont risqués et les personnes vivant avec le VIH sont discriminées : et si on arrêtait la double peine ?

Quelle est la différence entre VIH et sida ?

C’est vrai, ça, le VIH, le sida, qu’est-ce que c’est ? De nombreuses personnes les confondent encore, la faute à un manque d’informations et de campagnes de pédagogie ? Le VIH, ou Virus d’Immunodéficience Humaine, est le virus responsable du sida, ou Syndrome d’Immunodéficience Acquise, qui lui est une maladie. De nombreuses personnes porteuses du virus (séropositives) ne sont pas malades, c’est-à-dire que le virus est présent dans leur corps mais que la maladie, avec ses symptômes et ses conséquences, ne s’est pas déclarée.

On appelle sida la phase d’immunodépression intense qui peut survenir, selon les personnes et la prise en charge ou non avec un traitement, quelques années après la contamination. On peut rester porteur·euse du virus plusieurs dizaines d’années avant que la maladie ne se déclare, grâce à des thérapies lourdes sur lesquelles je reviendrai plus tard.

Attention : ce n’est pas parce que la maladie n’est pas déclarée que le virus ne peut pas se transmettre ! En revanche, les personnes dont la charge virale est indétectable, c’est-à dire que le virus est présent dans le corps, mais pas dans le sang, ne sont pas contagieuses.

Combien de temps après une situation “à risque” un test est-il fiable ?

Un rapport à risque, comme par exemple un rapport sexuel non protégé ou lorsque le préservatif a été mal mis ou a craqué, ou un contact avec du sang des objets infectés, peut entraîner une transmission du virus. Cependant, il faut attendre 6 semaines avant que le virus ne soit détectable de manière 100 % fiable dans le sang avec les tests dont disposent les laboratoires. C’est long, très long quand on a peur d’avoir été en situation de transmission du virus ! Ce test s’effectue sur un échantillon sanguin, il faut donc faire une piqûre.

Bien entendu, cela ne veut surtout pas dire qu’il faille attendre 6 semaines avant de consulter un·e professionnel·le de santé ! Dès que l’on a été en situation d’exposition, il est très important de consulter et de faire un premier test, qui sera confirmé dès que possible par un nouveau diagnostic. Une prise en charge rapide est importante, car la charge virale (c’est-à dire la quantité de cellules atteintes par le virus) augmente énormément lors de la phase qui suit immédiatement la contamination – il faut donc s’en occuper tout de suite pour éviter la propagation du virus dans le corps, mais aussi d’exposer d’autres personnes, car une personne porteuse du virus peut le transmettre avant que celui-ci ne soit détectable de manière absolument fiable.

À partir de 3 mois après une exposition, il est possible d’effectuer un test plus rapide, qui implique juste une petite piqûre au bout du doigt et qui donne un résultat dans les 30 minutes.

Dernière option, toujours 3 mois après l’exposition : des tests à faire soi-même sont vendus en pharmacie. Ces tests, appelés sobrement Autotest VIH, coûtent environ 25 à 30 euros l’unité et donnent une réponse très rapide, entre 15 et 30 minutes. En cas de résultat positif, prends contact avec un·e soignant·e pour effectuer un test sanguin qui confirmera le diagnostic, et commencer un traitement le plus rapidement possible si le virus a effectivement été transmis.

J’ai peur d’avoir attrapé le VIH, que faire ?

Si tu as vécu une des situations citées plus haut, le plus important pour toi est de contacter au plus vite un·e professionnel·le de santé. Cabinet généraliste, urgences de l’hôpital le plus proche, centre de planification familiale… En fonction de tes possibilités, tu as le choix – ce qui compte, c’est d’agir vite, de ne pas rester seul·e, d’obtenir un avis et des conseils fiables de la part d’un·e professionnel·e et si la situation le réclame de commencer rapidement un traitement.

II existe en effet un traitement d’urgence post-exposition. Ce traitement doit être entrepris le plus vite possible : dès 4 heures après l’exposition, et dans les 48 heures en tout. Ce traitement, un antirétroviral, peut être délivré aux urgences de n’importe quel hôpital. Dans l’idéal, et si tu le peux emmène taon partenaire avec toi s’il s’agit d’un rapport sexuel ou d’un partage de seringue. Le personnel soignant évalue la situation, et si on considère que le risque est réel, un traitement te sera administré.

Si le services des urgences considère le risque très faible, il est quand même recommandé de faire un dépistage 6 semaines plus tard. Si le risque est présent, deux cas de figure : soit tu repars avec des médicaments pour 2 à 4 jours avant un rendez-vous avec un·e médecin qui réévaluera la situation et te prescrira le traitement pour 4 semaines, soit tu es pris·e en charge directement par lea médecin référent·e et tu prends directement le traitement pendant 28 jours. La plupart du temps, le traitement est mis en place, par précaution.

Ce traitement antirétroviral est une trithérapie, c’est-à-dire un médicament constitué de trois molécules complémentaires, qui vont empêcher les cellules infectées par le virus de s’installer dans les ganglions, d’où elles rayonneraient ensuite dans tout le corps.

Comment savoir si on est atteint·e du VIH ?

Une seule façon de le savoir : effectuer un dépistage (6 semaines après l’exposition ou le soupçon d’exposition, donc).

Sida, HIV, où se faire dépister ?

Des centres de dépistage anonymes et gratuits sont présents dans toutes les grandes villes de France.

Dans le cas où tu n’as pas la possibilité de te rendre dans un de ces centres, il est bien sûr possible de faire un dépistage dans un laboratoire d’analyses médicales. Si tu y vas directement et sans ordonnance, les frais resteront à ta charge. Si en revanche tu as le temps et la possibilité de voir un·e généraliste auparavant, iel pourra te faire une ordonnance. Le dépistage au laboratoire sera alors pris en charge à 100 % par la Sécurité Sociale.

Quels sont les symptômes du sida ?

Il ne s’agit pas que de la phase sida du VIH – mais la question revient le plus souvent formulée ainsi – comme si seule la phase sida était accompagnée de symptômes. L’évolution de la maladie se fait en plusieurs phases qui présentent des symptômes différents :

  • Le premier stade, dit phase de primo-infection, dure quelques semaines. On peut avoir de la fièvre, des nausées, des éruptions cutanées, des maux de gorge ou de tête, des ganglions gonflés… Ces symptômes peuvent bien évidemment être ceux d’autres maladies, car ils ne sont pas rares ni inhabituels. Il faut donc consulter un·e médecin pour être sûr·e, et bien sûr effectuer un dépistage dès que possible une fois les 6 semaines passées après l’exposition.
  • Le deuxième stade est beaucoup plus long, on l’appelle phase chronique. Une longue phase dite asymptomatique (et qui peut durer plusieurs années) précède une phase symptomatique, au cours de laquelle des symptômes d’affaiblissement immunitaire vont apparaître : perte de poids, fatigue, infections, fièvre persistante, faible résistance aux maladies…
  • Le dernier stade, la phase sida, est celle où le système immunitaire ne peut plus se défendre. En plus d’une grosse perte de poids, des cancers et lymphomes peuvent apparaître, notamment le sarcome de Kaposi, une affection cutanée très fréquente chez les personnes au cours de cette phase. Ce sont également des infections opportunistes qui viennent attaquer le corps : bactéries, virus, parasites ou champignons qui causent des infections contre lesquelles le corps n’a pas les ressources pour se battre.

Le sida est-il une maladie mortelle ?

Malheureusement, oui, même si la maladie n’est pas directement la cause des décès. Lorsque l’on atteint la phase dite “déclarée” de la maladie ou phase sida, et que l’on est donc immunodéprimé·e, les anticorps ne sont plus capables de se défendre contre les maladies, même bénignes. Ces maladies, que l’on dit “maladies opportunistes”, sont diverses et nombreuses – elles seraient pour la plupart sans gravité fatale pour une personne qui n’est pas atteint par le VIH au stade sida.

Est-ce que le sida se soigne ? Est-ce qu’il existe un vaccin contre le sida ?

Il n’existe toujours pas de vaccin pour se prémunir du sida, mais des chercheur·euse·s partout dans le monde y travaillent. On ne peut pas savoir aujourd’hui si on trouvera un jour, et c’est terrible.

Des traitements, en revanche, il y en a. Ils ont beaucoup évolué depuis l’apparition des premiers antirétroviraux. Il s’agit de trois ou quatre molécules selon les traitements, qui sont prises en plusieurs comprimés. On appelle ce traitement trithérapie, car la plupart des traitements comprennent 3 molécules. Ces molécules vont ralentir la propagation du virus dans le corps et cantonner les cellules atteintes de manière à ce qu’elles ne contaminent pas, ou moins vite, les autres cellules. L’association Aides a d’ailleurs publié un dossier très intéressant sur le fonctionnement des antirétroviraux.

Lorsque l’on est fréquemment exposé à des risques, il existe la possibilité d’un traitement “préventif”, la prophylaxie pré-exposition (qu’on appelle PreP). Ce traitement, assez compliqué, permet de réduire les risques de contamination. Notre contributeur Julien, qui bénéficie de ce traitement, vous en parle dans un article à lire ici.

Comment se protéger du VIH ?

En mettant des préservatifs, tout le temps, et jusqu’à ce qu’on soit sûr·e du statut sérologique de la personne avec qui on couche si c’est quelqu’un de régulier, sinon c’est pas dur : en mettant des préservatifs tout le temps. En utilisant autant que possible des seringues neuves. En se faisant tatouer par des professionnel·le·s dans un salon qui utilise des aiguilles neuves. En changeant de préservatif autant de fois que de partenaire. Bref, en évitant autant que possible les situations à risque. Et surtout, préservatif à tous les étages, je l’ai déjà dit ? Préservatif. Préservatif. Préservatif.





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