N.B. : évidemment aucun podcast n’est parfait. Il y a des des propos qui ne sont pas safe, des réflexions qui nous semblent parfois trop simplistes et/ou avec lesquelles nous ne sommes pas d’accord. Mais tous les podcasts présentés ici nous ont beaucoup plu dans leur globalité.
N.B. bis : sur certains sujets il existe très peu d’émissions et de podcasts. N’hésites pas à nous dire en commentaire si tu as trouvé la perle rare, nous nous ferons une joie de compléter la liste !
C’est l’hiver, il fait froid, la nuit tombe tôt, tu n’as envie de rien à part de ton plaid et d’un bon thermos de thé. Mais tu veux quand même continuer à apprendre des choses en passant un bon moment ? Ou bien c’est l’été et tu bulles dans ton canapé en attendant que la canicule s’arrête enfin ? On s’occupe de tout.
Chez Roseaux on adore les podcasts : on les écoute au boulot, dans les transports en commun, dans la rue, en cuisinant. On s’envoie en permanence ceux qu’on trouve les plus intéressants, alors on s’est dit qu’on allait en faire profiter plus de monde !
Pourquoi le format du podcast ? C’est d’abord un format très pratique, pour les personnes entendantes, que tu peux emmener partout avec toi. Mais c’est aussi et surtout une base de données assez incroyable : on y entend des témoignages, des réflexions, des conseils de lecture ou de films et de séries, le tout souvent accompagné de (très) bonne musique. Le bonus : pour chaque podcast ou presque, tu trouveras une bibliographie assez riche, contenant aussi bien les ouvrages cités pendant le podcast que des conseils pour aller plus loin.
Pour découvrir de nouveaux horizons, nous vous proposons également quelques podcasts en allemand et en anglais : ils permettent d’en apprendre plus sur la culture, d’un point de vue militant, des pays germanophones et anglophones, et ils permettent de voir quelles sont les différences et les similitudes avec la situation française. De quoi nourrir encore plus ta réflexion !
Attention, on préfère te prévenir : on devient très vite accroché⋅e aux podcasts !
Dans la première sélection, disponible ici, on vous proposait des podcasts sur la politique, l’économie, la sociologie, et sur la culture et les arts, qui touchent de près ou de loin au féminisme dans une perspective intersectionnelle. Dans la deuxième, à retrouver ici, une sélection de podcasts autour de l’afroféminisme et du racisme. Dans la troisième (voir ici), une sélection autour des thématiques LGBTQ+ et sexistes. Aujourd’hui, nous nous intéressons aux podcasts abordant la grossophobie et le validisme.
Grossophobie
Nous n’avons pas trouvé de podcasts faits par et/ou consacrés aux personnes grosses en français, seulement en anglais. Mais quelques podcasts francophones y ont consacré un épisode.
Grand bien vous fasse : Notre société déteste-t-elle les gros ?
“Et ce matin, on se demande si nous détestons les gros ? Pourquoi la discrimination anti-gros reste plus que jamais ancrée dans tous les pans de la société ? Quelle responsabilité collective dans la situation des personnes obèses qui ont du mal à trouver un emploi, qui ont une mauvaise estime de soi ou qui ont du mal à s’insérer socialement ? Coup de projecteurs ce matin sur les discriminations infligés au gros par le corps médical, les employeurs, les médias ou encore nous tous collectivement, par nos regards parfois peu bienveillants, dans la rue ou ailleurs… Comment les personnes obèses vivent-elles dans une société qui a fait de la minceur un paradigme ?”
Un podcast à soi : Le gras est politique
“Elles sont grosses et discriminées pour cela. Ce sont des remarques, des regards, des insultes, des commentaires. C’est un patron de restaurant qui, lors d’un entretien, vous annonce qu’il ne peut vous embaucher parce que vous dissuaderiez les client-e-s de commander un dessert. C’est un-e médecin qui passe à côté du bon diagnostic, car iel estime que tout est lié à votre poids. C’est un-e amant-e qui n’ose pas s’afficher à vos côtés.
Dans ce troisième épisode d’Un podcast à soi, elles racontent avec puissance leur quotidien et leur recherche de liberté. Leurs récits bouleversants interrogent notre rapport aux normes esthétiques et alimentaires, et donnent à comprendre pourquoi la grossophobie est un enjeu féministe.”
Charlotte Bienaimé invite Gras politique pour parler grossophobie et comment elle impacte leur quotidien, les violences médicales. avec Lucie, Olga, Daria et Eva, du collectif Gras Politique, et Solenn Carof, sociologue (voir ses publications ici).
Dans le genre de Gabrielle Deydier
Ce dimanche, Géraldine Sarratia reçoit l’auteur et journaliste Gabrielle Deydier. Elle a sorti il y a quelques mois « On ne naît pas grosse », récit immergé et enquête journalistique sur la réalité de sa vie de femme de 150kg pour 1m53. Repris par le NY Times, le Guardian et le Times, son livre, qui va faire l’objet d’une adaptation BD et télévisée, a ouvert le débat en France sur une discrimination encore mal reconnue : « la grossophobie ».
En anglais :
The fat lip
“The Fat Lip is a podcast for and about fat people. In some ways fat people are living in a different world than our thin and average-sized peers. Our lives and our experiences are influenced by our fatness all the time, but the outside reactions to fatness can really fuck us up. On a daily basis we are exposed to media that tells us that we’re not worthy of representation and a multi-billion dollar diet industry that is happy to take our money (for products that are proven to not work) while barely disguising its disgust at our very existence. It’s gross, and we’re over it !
TFL strives to be fat positive in a world that often isn’t. We are proud supporters of radical self-love and the fierce defense of your body autonomy. Fat is not an indicator of health or fitness, and health and fitness aren’t moral imperatives anyway. You don’t have to justify your body or your health to anyone !”
Fat lip est un podcast quasi mensuel fait par et pour des personnes grosses, un point important, plusieurs épisodes ont des transcripts ( !), très utiles pour les personnes malendantes ou sourdes pour qui le contenu des podcasts est la plupart du temps inaccessible. On a bien aimé l’épisode 34 qui parle de la grossophobie dont Donald Trump a été victime récemment, puis du débat sur les retouches Photoshop (retouche des vergetures, des rides etc.), qui ne sont au final qu’une victoire pour les femmes cis, minces, blanches et valides, car la représentation affichée, bien que non retouchée, reste très normée ; l’épisode 33, qui est un guide pour survivre pendant les fêtes avec la grossophobie de vos proches ; et l’épisode 9 qui parle de la différence entre fat positivity et body positivity, et de la récupération par les personnes minces blanches du hashtag body positivity.
Validisme
Vivre.fm
“Vivre FM 93.9 est la radio des personnes atteintes par un handicap moteur (paraplégie, tétraplégie, hémiplégie) , un handicap sensoriel (aveugles, malvoyants, sourds, malentendants), un handicap psychique (dépression, bipolarité, schizophrénie, …), un handicap mental ou une déficience intellectuelle (trisomie 21, …), un trouble du langage et de l’apprentissage (dyslexie, dysphasie, dyscalculie, dyspraxie), un trouble envahissant du développement (autisme), une maladie neurodégénérative (Alzheimer, Parkinson, sclérose en plaques, SLA), une ALD maladie chronique et/ou génétique (mucoviscidose, épilepsie, myopathie, diabète, SLA, cancer, Sida, DMLA, polyarthrite rhumatoïde), un polyhandicap ou une dépendance liée à l’âge.”
On a écouté des épisodes de l’émission qui s’appelle Le grand témoin – Bien dans sa tête, par exemple cet épisode « être Dys et vivre avec », un épisode avec Christophe Cauché, qui dit de lui-même : « Je suis dyslexique, dysorthographique, dysphasique, dysgraphique, dyspraxique. Cela fait beaucoup de choses pour une seule personne mais j’aurais pu aussi être dyscalculique… », et cet épisode Quelle scolarité pour les jeunes avec un TDAH ?.
Vivre.fm produit également un journal quotidien du handicap.
Update : Merci à Elena Chamorro et à Elisa ROJAS du Clhee de nous avoir signalé que cette radio parle certes de handicap, mais n’est pas vraiment militante ni anti-validiste. Certains podcasts peuvent permettre aux personnes valides de comprendre certains aspects de la vie des personnes non valides, et d’écouter des personnes concernées parler, mais elle n’est pas militante dans son contenu ou son positionnement.
Mangez moi
“Pour Caroline, la nourriture, c’est compliqué. Manger lui procure un mélange de peur et de plaisir, d’angoisse et d’apaisement. Comme une toxico, elle alterne boulimie et privation, sport et orgie de gras. Elle raconte sans rien cacher sa semaine de désordre alimentaire. Un document coup de poing, superbement écrit et mis en sons, qui lève un pan du voile sur les problèmes de boulimie, d’anorexie, de rapport à la nourriture.”
Nous mettons un énorme trigger warning sur ce podcast. Il peut être vraiment bouleversant pour les personnes ayant des troubles alimentaires, même pour celles qui sont en rémission. Nous le conseillons donc principalement aux gens qui n’ont pas et n’ont jamais eu de troubles alimentaires, pour avoir une idée de ce à quoi cela peut ressembler que d’en avoir.
Troubles alimentaires : quand la tête se fâche avec le ventre
“Qu’est-ce qu’on appelle “trouble du comportement alimentaire” ? Comment naissent ces troubles ? Comment les diagnostiquer ? Existe-t-il des traitements efficaces ?
Pendant des années, les îles Fidji n’ont pas eu la télévision. L’arrivée du petit écran, entre autres conséquences, a provoqué une hausse sensible du nombre de cas de troubles alimentaires. Dictature de l’image, éloge de la maigreur… les troubles du comportement alimentaire, les TCA touchent entre 3 à 4 % des adolescents dans les pays occidentaux… dans 90 %, il s’agit de jeunes filles. Avec un taux de mortalité aux alentours de 10 % pour l’anorexie mentale, il s’agit de la maladie psychiatrique la plus mortelle. Malgré cela, les pouvoirs publics ont encore du mal à prendre des mesures fortes pour en limiter les effets dévastateurs.”
Bien que dans la description de l’émission, le lien entre la société et les troubles alimentaires soit beaucoup mis en avant, l’émission en elle même fait moins le lien, et parle bien du fait que ce n’est pas l’unique facteur. Il n’y a pas de concerné.e.s qui interviennent dans l’émission, seulement des professionnel.le.s de santé.
Intégrer les personnes en situation de handicap coûte-t-il si cher ?
“La loi 2005 sur le handicap a constitué une avancée formidable pour toutes les personnes en situation de handicap, notamment en termes d’accessibilité. Seulement, une décennie plus tard, commerces de proximité, écoles, mairies, chaînes d’hôtellerie et commerces restent des endroits peu adaptés lorsque l’on est en situation de handicap. Mais pourquoi cela prend tant de temps ? Dans cet épisode, Etienne Tabbagh a souhaité répondre à cette question en allant voir Elisa Rojas, avocate à Paris, utilisatrice d’un fauteuil roulant, et co-fondatrice du collectif CLHEE, (Comité Lutte Handicap pour l’Egalité et l’Emancipation), un collectif de militants et d’activistes concernés par le handicap a pour but de se saisir de toutes les questions qui les concernent en tant que personnes handicapées. Il est également allé voir Philippe Monmarché, utilisateur d’un fauteuil roulant et patron d’un cabinet de conseils et d’accompagnement pour tous travaux de mise en accessibilité.“
Un podcast qui donne la parole à des personnes concernées. Il ne faut pas se fier au titre, qui est un constat sur ce qu’une grande partie de la population pense, mais ne reflète pas les points de vues développés dans le podcast, qui s’attache à démonter les préjugés et a priori.
[NOUVEAU] “Schizophrénie : vivre avec”, dans Le Magazine de la rédaction sur France Culture
“La schizophrénie touche 0,7 % de la population mondiale, 600 000 personnes en France. Comment vit-on avec ? Comment poursuivre ses études après une hospitalisation en psychiatrie ? Ou accéder à la formation, au travail, alors que le mot schizophrénie fait toujours peur ? Un reportage de Sarah Maquet.”
[NOUVEAU] Le tchip n°12 : Les idées noires
« Un épisode qui parle de dépression, ça fait envie hein ? Oui, car il révèle combien, au sein des communautés noires, celle-ci est souvent taboue et mal traitée. Mélanie revient sur son expérience en tant que femme racisée en France, et François nous parle des rappeurs dont la dépression est le matériau de choix (spoiler : il n’y a pas que Kanye, hein). »
En anglais :
The darkplace
Un espace dans lequel les gens parlent de leurs difficultés, de leurs souvenirs traumatiques, et du fait de vivre avec une maladie mentale. Il y est question de dépression, d’anxiété, d’abus, de traumatismes.
Certains épisodes auraient besoin de trigger warning, car ils abordent des thèmes comme le suicide, la dépression, les troubles alimentaires, la mutilation ou les abus sexuels. On a bien aimé l’épisode 10, consacré à Katie, qui parle de la manière dont ses succès cachaient sa dépression, et de son admission volontaire en soins psychiatriques (TW : mutilations).