Corps Santé
La contraception, un guide pratique pour tou·te·s

Partie 1 : le DIU

Roseaux, magazine féministe  Solène



NB. Ce récapitulatif s’adresse à toutes les personnes qui souhaitent utiliser une contraception ou se renseigner sur les méthodes qui existent actuellement. Nous nous restreindrons ici volontairement aux moyens de contraception accessibles en France, sauf mention contraire, et les informations sur les remboursements par la Sécurité Sociale sont valables également uniquement pour la France.

Nous ne traiterons pas des usages secondaires des moyens de contraceptions et nous arrêterons à l’aspect reproductif : si vous souhaitez par exemple prendre la pilule pour des raisons de santé, comme des règles douloureuse ou de l’acné, vous devrez vous tourner vers un·e médecin, un·e sage-femme ou toute autre personne habilitée.

Nous rappelons à tou·tes celleux qui n’ont pas écouté au fond que (mis à part les préservatifs à condition d’être bien mis) les différents moyens de contraception existants ne protègent pas des maladies et infections sexuellement transmissibles !

PRÉAMBULE : Comment on fait les bébés ?

Bon, je vais pas te refaire le match, tu sais déjà vaguement comment ça marche. En revanche, si la production de spermatozoïdes est un processus assez simple et continu chez la plupart des personnes possédant des testicules fonctionnels, je vais revenir rapidement sur le cycle menstruel.

De la puberté, qui survient en général entre 10 et 16 ans (mais qui peut venir plus tôt ou plus tard, et c’est pas grave), jusqu’à la ménopause, qui elle se passe entre 45 et 55 ans (encore une fois, parfois avant, parfois après, c’est pas une science exacte), les personnes munies d’un utérus fonctionnel et de tout l’attirail qui va avec (ovaires et trompes, notamment) produisent de manière à peu près régulière des ovules (un ovule tous les 24 à 32 jours, selon les personnes, ici aussi avec des variations).

Les ovules sont produits dans les ovaires, qui sont reliés à l’utérus par les trompes de Fallope. Contrairement à la production de spermatozoïdes, la production d’ovules est cyclique, et ce fonctionnement est déclenché et accompagné par des modification du taux de certaines hormones produites par le corps. Ces hormones vont donc non seulement déclencher l’ovulation, mais également préparer l’utérus à accueillir un ovule fécondé le cas échéant : la paroi de celui-ci, appelée endomètre, se gonfle et se modifie afin de devenir un environnement accueillant pour l’ovule fécondé.

Si aucune fécondation en survient, le cycle continue, le taux d’hormones change, et l’endomètre se désquame en éliminant les tissus utilisés pour se gonfler. Cette élimination, qui ressemble à du sang (et qui en est en grande partie constituée), ce sont les règles.

Tout ça, c’est bien joli, mais pour beaucoup, avoir un utérus fonctionnel implique d’être fertile, et la possibilité d’une grossesse n’est pas toujours opportune. On peut avoir des tas de raisons pour ça, et elles sont toutes valables. La bonne nouvelle, c’est qu’il existe beaucoup de moyens de contraception à ta disposition… Même si tu es porteur·euse de testicules, elle est pas belle la vie ?

Alors certes, la plupart des contraceptions sont pensées pour être utilisées par des personnes munies d’un utérus. Mais qui sait, le futur nous apportera peut-être des moyens de contraception mixtes, des solutions non invasives, sûres et pratiques pour tou·tes ?

En attendant ces lendemains qui chantent, accroche-toi à ton slip, c’est parti pour un tour d’horizon des moyens de contraceptions accessibles en France. Et on commence par celui que j’utilise en ce moment, je fais du favoritisme.

Le dispositif intra-utérin (aussi appelé DIU ou stérilet) au cuivre (ou à l’or, mais ouais)

Le DIU, aussi appelé stérilet dans sa forme la plus courante, a une action double : mécanique d’abord, en bloquant (tel le lemming que tu ne peux pas sauver, tu sais de quoi je parle si tu es né·e dans les 80’s) le passage d’un éventuel œuf fécondé et en empêchant la nidification de ce dernier dans l’utérus, mais aussi chimique, dans le cas du DIU non hormonal, le cuivre ayant – apparemment – un effet spermicide. Ou on sait pas trop en fait.

Je te jure : en vrai, on ne sait pas exactement comment marche le stérilet au cuivre. C’est même marqué sur la notice. MAIS. La bonne nouvelle, c’est que c’est très efficace ! Et jusqu’à présent, rien ne laisse penser que cela puisse être le moins du monde dangereux.

Moins connues mais reposant que le même principe, il existe d’autres contraceptifs non hormonaux au cuivre : la boule de cuivre (qui n’est pas une boule, mais un genre d’Atomium très souple avec des perles de cuivre) et le DIU GyneFix, qui et une sorte de chaînette de cuivre. Accessibles pour le moment uniquement en Suisse, ces deux alternatives au stérilet pourraient bien être disponible en France bientôt – leur avantage se situant notamment dans une taille plus petite, plus adaptée aux utérus les plus petits.

Quelques contre-indications sont possibles : si tu as une allergie au cuivre, par exemple, tu ne pourras pas porter de DIU. Mais rassure-toi : il en existe aussi en or. Le swag dans ton utérus ou pas ? Plus fréquemment, une malformation de l’utérus ou un fibrome pourront empêcher la pose d’un DIU. Il est également formellement contre-indiqué de le poser en cas de cancer du col de l’utérus, d’infection sexuellement transmissible récente ou si tu viens tout juste d’accoucher (il faudra alors attendre au moins 2 jours).

Les +

  • Très efficace dès la pose
  • Bien remboursé
  • Longue durée (5 à 10 ans selon les modèles, les nullipares* ayant généralement un petit modèle, qui se garde 5 ans)
  • Peu invasif
  • Sans hormones

Les –

  • Possibilité de règles plus douloureuses, plus abondantes, plus longues…
  • Possibilité de douleurs lors de la pose et le jour qui suit
  • Nécessité d’une intervention pour la pose et possibilité d’une obligation de suivi régulier avec examen gynécologique

Bonus : Le DIU au cuivre peut également être utilisé comme contraception d’urgence après un rapport non protégé, et ce dans les 5 jours après ledit rapport (donc après la date limite d’utilisation d’une contraception d’urgence hormonale)

Le DIU hormonal

Tout comme sa contrepartie au cuivre, le DIU hormonal se place dans l’utérus, je te refais pas le film. La grande différence se situe dans son mode d’action, car en plus de l’action mécanique citée plus haut, le DIU hormonal contient un progestatif appelé lévonorgestrel. Cette hormone de synthèse reproduit l’effet de la progestérone, l’une des hormones produites par le corps humain et qui entre (entre autres) dans le processus menstruel.

Contrairement à la plupart des contraceptifs hormonaux oraux, le DIU hormonal ne contient pas de deuxième principe actif, qui le rend plus indiqué pour les personnes qui présentent des contre-indications à ce type de contraceptifs (problèmes cardiovasculaires connus, problèmes de coagulation, consommation de tabac…)
Le progestatif a un effet triple : il n’empêche pas l’ovulation, mais rend la nidification plus difficile en empêchant l’endomètre de trop se gonfler, il épaissit la glaire cervicale (c’est-à-dire les sécrétions produites au niveau du col de l’utérus et dont la consistance varie au cours du cycle naturel) en compliquant le passage des spermatozoïdes, et il rend également ces derniers moins mobiles, donc moins aptes à accéder à l’ovule.

Si ton médecin te déconseille d’utiliser une contraception hormonale, il est possible de poser un DIU au cuivre.

Les +

  • Très efficace dès 2 jours après la pose
  • Longue durée (5 ans pour la plupart des modèles)
  • Peu invasif
  • Règles moins longues, moins abondantes et moins douloureuses (dans la plupart des cas)

Les –

  • Contre-indications possibles
  • Investissement important à la pose
  • Nécessité d’une intervention pour la pose et possibilité d’une obligation de suivi régulier avec examen gynécologique

À quoi ça ressemble ?

C’est un petit T en plastique très souple d’environ 3,5 cm de haut, enroulé d’un fil de cuivre dans le cas du DIU au cuivre. Il dispose d’un fil qui sert à le retirer et qui descend par le col de l’utérus. Ce fil peut être raccourci au besoin (notamment si taon partenaire le sent trop).

Combien ça coûte ?

Environ 30 EUR à payer de ta poche pour le DIU au cuivre et 125 EUR pour la version hormonale, plus les honoraires de taon gynécologue, sage-femme ou médecin généraliste pour la pose. Les centres de planification familiales effectuent cette pose gratuitement.

Comment ça se passe ?

Le DIU est posé par un·e professionnel·le de la santé (gynécologue, sage-femme, médecin généraliste) pendant les règles. Un rendez-vous préalable avec un examen gynécologique doit avoir lieu, ainsi que des analyses (prélèvement vaginal et prises de sang) afin d’écarter les éventuelles malformations, infections et autres contre-indications. Le DIU est délivré en pharmacie, sur ordonnance.

La pose dure quelques minutes et ne nécessite pas d’anesthésie : dans la majorité des cas, elle est un peu désagréable mais pas douloureuse. Une fois le DIU posé, évite de mettre un tampon et opte pour des serviettes jusqu’à la fin de tes règles, tu pourras réutiliser tes protections habituelles si tu utilises une cup ou des tampons dès tes règles suivantes.

Un rendez-vous est fixé dans les six mois qui suivent la pose, afin de vérifier que rien n’a bougé et que tout se passe bien – bien évidemment, si tu éprouves des douleurs anormales, un inconfort au niveau de l’utérus ou de la fièvre, contacte taon médecin ! Il peut arriver (mais c’est rare) que le DIU se place mal et provoque des crampes et des contractions, ce qui risque de l’éjecter.

Le risque zéro n’existant pas, il peut arriver, dans des cas rarissimes, que le stérilet soit mal posé et qu’il provoque une perforation de l’utérus, qui devra alors être prise en charge le plus rapidement possible (encore une fois : douleurs et fièvres sont un signe possible d’infection, appelle un·e professionnel·le de la santé au plus vite !)

Une fois le DIU posé, on conseille d’attendre quelques jours avant d’avoir un rapport sexuel impliquant une pénétration.

Quel suivi médical ?

Tous les ans, une petite échographie pour vérifier que tout est en place peut vous être proposée. Cela dépend des soignant·es : certain·e·s ne pratiquent un examen intrusif que si le DIU cause des douleurs ou autres désagréments, certain·e·s préconisent une échographie annuelle (voire encore plus fréquente, mais cela varie selon les pays). Si tu te sens bien et que tu ne sens pas ton DIU, un examen intrusif n’est pas nécessaire, mais comme il est toujours possible (même si c’est très rare et qu’on s’en rend compte dans l’immense majorité des cas) que le DIU se fasse la malle, en cas de doute, consulte taon soignant·e !

C’est pour qui ?

Toutes les personnes qui ont un utérus, sauf les cas mentionnés plus haut. Y COMPRIS LES NULLIPARES.

Est-ce que je vais avoir mes règles ?

Oui. Elles risquent d’ailleurs d’être plus intenses avec le DIU au cuivre : flux plus importants, durée plus longue, douleurs menstruelles plus prononcées. Ces règles douloureuses et abondantes peuvent devenir une vraie gêne et avoir un impact négatif sur la vie des personnes très touchées, avec des douleurs trop fortes ou des pertes de sang trop importantes pouvant mener à une anémie. Il est alors très important d’en parler à taon soignant·e et de réfléchir à une autre forme de contraception. Avec un DIU hormonal, les règles sont au contraire le plus souvent moins abondantes et moins douloureuses – elles vont même jusqu’à disparaître chez certaines personnes.

Est-ce que le DIU est compatible avec ma coupe menstruelle ?

Oui ! Le DIU est compatible avec toutes les protections périodiques : cup, tampons, éponges, serviettes… Fais bien attention à pincer ta cup avant de la retirer, pour ne pas provoquer d’effet de succion trop fort qui pourrait déplacer ton DIU (c’est très rare, mais ça arrive). De même, sois délicat·e lors du retrait de tes tampons : pense simplement à tirer doucement !

Est-ce que le stérilet est efficace ?

Oui ! C’est une des contraceptions les plus efficaces, avec un taux d’efficacité d’environ 99 % pour les deux versions. ATTENTION : 99 %, ce n’est pas 100 % ! Ce qui veut dire que même si tu portes un DIU, qu’il soit hormonal ou au cuivre, tu peux quand même tomber enceint·e. En cas de retard de règles, il est recommandé de faire un test de grossesse et d’en parler avec ton professionnel·le de santé attitré·e. Et bien sûr, le DIU ne protège pas des maladies ou infections sexuellement transmissibles. Seul l’utilisation du préservatif dès le début de chaque rapport constitue une protection efficace contre les MST et IST !

Vrai ou faux ? Le stérilet ne peut être posé que sur les personnes ayant déjà mené une grossesse à terme

FAUX !

Et si taon gynéco prétend le contraire, iel te ment. Point. Il existe plusieurs tailles de DIU, les plus petits étant parfaitement adaptés à l'immense majorité des utérus de nullipares. C'est une nullipare avec un DIU qui te le dit. Et c'est aussi environ tou·tes les gynécologues pas trop réac. Ainsi que l’Agence nationale d’accréditation et d’évaluation en santé, c'est-à dire l'autorité reconnue pour trancher sur les indications et contre-indications de tout ce qui concerne la santé en France. En revanche, on pose en principe les DIU aux personnes ayant déjà eu au moins un rapport sexuel (dans une acceptation bien bien hétéronormée du terme à base de pénis-dedans-le-vagin).

Pour être sûr·e de tomber sur un·e professionnel·le de santé qui respecte tes choix, nous te conseillons de faire un tour sur l'annuaire collaboratif Gyn&Co

 

À suivre :

  • Le diaphragme
  • La cape cervicale
  • Les préservatifs
  • Les spermicides et les méthodes naturelles (prise de température, retrait…)
  • La pilule
  • L’implant contraceptif
  • Les contraceptions dites « masculines »

 

*Nullipare : personne n'ayant jamais accouché.




Un Commentaire

Sexo | Pearltrees

[…] Roseaux — La contraception, un guide pratique pour tou·te·s : DIU. NB. Ce récapitulatif s’adresse à toutes les personnes qui souhaitent utiliser une contraception ou se renseigner sur les méthodes qui existent actuellement. Nous nous restreindrons ici volontairement aux moyens de contraception accessibles en France, sauf mention contraire, et les informations sur les remboursements par la Sécurité Sociale sont valables également uniquement pour la France. […]

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