N.B. : Nous avons reçu la Glory Book Box gracieusement afin d’écrire un article. Conformément à notre ligne éditoriale, nous écrivons de manière indépendante.
J’ai reçu la Glory Book Box quelques jours avant Noël, la veille de mon départ en vacances. J’adore recevoir des paquets par la poste, d’autant plus quand il s’agit de livres. Et je n’ai pas été déçue par cette Box, pleine de bonnes lectures et d’empowerment féministe.
« Qui sommes-nous ? Des jeunes femmes passionnées et motivées qui veulent faire découvrir des lectures et mettre en avant un patrimoine littéraire souvent inconnu et sous estimés : des autrices, de tous pays et de toutes époques. »
Le principe de la Glory Book Box est simple : tu la commandes en ligne, et tu reçois chez toi un paquet avec des livres écrit par des femmes, et plein de goodies et d’informations en plus.
Une box pleine de belles surprises
Je ne savais pas à quoi m’attendre en ouvrant la Glory Book Box. La période de Noël y étant propice, je me suis enthousiasmée comme une gamine et sortant un à un tous les objets du paquet : deux livres, une brochure, un tote bag (on n’en a jamais assez), un carnet, 5 cartes au format A5 ainsi qu’un stylo.
Voilà la description de la box que j’ai reçue : « Partons nous tous avec les mêmes chances d’éducation dans la vie ? Apprend-t-on les mêmes choses que nos ancêtres ? Pourquoi les traitements sont différents d’une période à l’autre, d’un sexe à l’autre, d’une couleur à l’autre ou d’un pays à l’autre. Deux romans, deux jeunes filles qui vont apprendre que l’éducation est un droit et un plaisir. Entre racisme et tradition patriarcale, il est bien difficile pour ces deux êtres de se faire une place dans le monde des adultes éduqués. »
Petit tour de la box :
- les deux romans
Dans la box de décembre, on trouve un roman de Doris Lessing (1919-2013), Victoria et les Staveney (Victoria and the Staveneys – 2008) ainsi que le premier roman de Florence Malmassari, Makoro (2018).
Même Si Doris Lessing a obtenu le Prix Nobel de Littérature en 2008, elle est, aujourd’hui encore, loin d’être considérée comme une des auteurices incontournables des XXe et XXIe siècles. Le fait d’être une femme n’y est évidemment pas pour rien. Pour rappel, depuis la création du Prix Nobel de littérature en 1901, seules 15 femmes ont été primées (l’écart entre hommes et femmes est encore plus flagrant dans les autres disciplines récompensées).Victoria et les Staveney n’est pas son ouvrage le plus connu, et c’est peut-être pour le mieux. Ce court roman (125 pages en format poche) est une bonne porte d’entrée dans son œuvre.
Makoro (128 pages) est le premier roman de Florence Malmassari. Il est publié chez Ateliers Henry Dougier, maison d’édition que je ne connaissais pas jusqu’alors, mais dont je vous invite à consulter le catalogue, aussi éclectique qu’engagé. Professeure de philosophie, Florence Malmassari nous livre le récit de Makoro, petite fille de dix ans qui quitte la brousse pour Bamako, capitale du Mali, où elle est accueillie par sa tante. De nombreux thèmes y sont abordés, notamment l’excision, la sexualité, la mort et le deuil. Les personnages sont hauts en couleur, la technique narrative originale, autant d’éléments prometteurs pour le prochain roman de cette autrice.
- la brochure explicative
Concernant ce livret, Mélina, créatrice de la box, nous en parle : « le livret est toujours sur le même format avec les biographies des autrices, des pistes en plus de podcasts, livres, films, séries et quelques courts articles sur le thème du mois, parfois des interviews quand j’arrive à joindre les autrices. Le livret fait environ 40 à 60 pages, cela dépend des mois, toujours en A5 et c’est sur ça que je travaille le plus, car pour moi c’est la partie la plus importante de la box, ce qui fait la différence avec le reste des box littéraires proposées sur le marché. »
Donner de la visibilité à des autrices méconnues et/ou oubliées, une démarche politique
Ce qui me plaît le plus dans cette box est le fait qu’on nous met entre les mains des autrices et des livres méconnu·e·s et/ou oublié·e·s : on découvre ou redécouvre avec délice des trésors littéraires perdus.
En tant que chercheuse en littérature ça me parle, évidemment, mais ça peut parler à quiconque s’intéresse à la littérature écrite par les femmes. De telles lectures font réfléchir (pourquoi ce livre ou cette autrice n’a pas plus de visibilité ? Qu’est-ce que cela dit de la société dans laquelle ce livre a été publié ?) et fournissent une certaine forme d’empowerment : des femmes qui écrivent, qui disent haut et fort ce qui ne va pas, dénoncent à travers la littérature les travers et discriminations de notre société, ça fait du bien, ça donne envie de le crier haut et fort à son tour.
Oui oui, la littérature peut tout ça. Et la Glory Book Box est là pour nous le rappeler. Et ça fait du bien. Dans un univers littéraire où les hommes blancs, cisgenres, hétéros et riches constituent une grande majorité des écrivain·e·s et des personnages de romans, être une femme et/ou faire partie d’une minorité et écrire est une démarche foncièrement politique. En profiter pour aborder des thèmes tabous (les injustices, inégalités, la sexualité, etc.), ça fait du bien, et ça change des lamentations déprimées et déprimantes des Michel Houellebecq, Yann Moix et compagnie.
Mon avis sur la Glory Book Box
La Glory Book Box est un super concept, qui te livre tous les mois des livres méconnus directement dans ta boîte aux lettres. C’est idéal si tu cherches à découvrir de nouvelles autrices mais que tu ne sais pas par où commencer.
La Glory Book Box est parfaite pour celleux qui cherchent de nouvelles lectures, peu connues et variées, pour celleux qui ont du temps pour lire, pour celleux qui aiment découvrir chaque mois des thématiques différentes (éducation, voyage, mariage et traditions, révolution, poésie, années 1920, etc.).
J’invite tout le monde à aller faire un tour dans la catégorie « Nos héroïnes » du site, dont voici la description : « Ceci est notre panthéon personnel, une page où nous présenterons une fois par mois, une femme en rapport avec le thème de la box en cours, qui ne sera pas une autrice, mais une autre forme d’artiste, d’ouvrière, d’icône, de militante, de résistante, de femme… »
Pour finir, j’ai posé quelques questions à Mélina Oligo, créatrice de la Box, afin d’en savoir plus sur sa démarche. Merci à elle d’avoir pris le temps d’y répondre.
Comment est né ce projet, par qui est-il porté, et pourquoi ce nom de Glory Book Box ?
Le projet est né d’un besoin de parler des femmes écrivains. En 2015, la découverte qu’aucune femme n’avait jamais été étudiée au bac littéraire avait crée une polémique, qui avait été relayée un peu partout, avec même un super post de l’illustratrice Diglee sur le sujet (NDLR : l’illustratrice s’était penché sur les archives des programmes scolaires et avait constaté que de 2001 à 2014 aucune femme ne figurait parmi les auteurs étudiés en cours de littérature en terminale littéraire). Ça m’a fait un choc et j’ai voulu monter un projet sur cette invisibilité des autrices. Le projet a été monté par moi de A à Z et lancé en novembre 2017 avec la première box « fantastique horrorifique ». Le nom Glory Book Box vient de la chanson du groupe Portishead « Glory Box » dont les paroles rentrent en parfaite résonance avec le projet, et j’ai rajouté le book au milieu pour rappeler que c’est une box littéraire.
Selon quels critères sélectionnez-vous les livres pour chaque box ?
Je choisis les livres surtout par coups de cœur. J’essaie d’inclure des autrices un peu oubliées ou moins connues. Il m’arrive de choisir de grands noms de la littérature comme Agatha Christie ou Édith Wharton, dans ce cas j’essaie de mettre un de leurs ouvrages moins connus pour éviter que les gens ne les aient déjà. Je fais en fonction des thèmes du mois mais il m’est souvent arrivé de créer un thème spécialement pour y placer une autrice. Quand je n’ai pas trouvé le livre en avance, je lis entre 5 et 10 ouvrages par mois sur le thème à venir. Ceux que j’ai bien aimés mais qui sont soit trop chers (je ne met que des poches dans les box), qui ne sont plus publiés, ou qui sont juste moins bons que ceux que je vais sélectionner pour la box, je les partage sur Instagram et sur Facebook.
À quel public vous adressez-vous avec cette box ?
Un public qui me ressemble un peu, plutôt des femmes, féministes, entre 20 et 40 ans et surtout qui adorent lire et sont curieuses de faire de nouvelles découvertes livresques, c’est le plus important. Mais j’ai tous les âges dans mes commandes, ce qui fait plaisir, et j’ai même quelques hommes donc finalement le panel s’étend !
Combien coûte une box et comment faire pour la recevoir ? Doit-on s’abonner ?
Une box « normale » coûte 24 € sans les frais de port (elle contient 2 livres de poche, le livret et des goodies). On a aussi l’option petite box à 12 € pour les petites bourses (qui ne contient qu’un livre et le livret). Elles sont toutes disponibles sur le site Glorybookbox.eu. Les commandes du thème se font à partir du 15 de chaque mois et les box sont envoyées à partir du 15 du mois suivant. Il existe 3 formules d’abonnement : 3, 6 ou 12 mois à respectivement 80, 160 et 320 € (dans les formules sont compris les frais de port pour la France).
En quoi la lecture joue-t-elle selon vous un rôle important dans le féminisme / dans le processus de déconstruction féministe ?
La lecture joue un rôle important dans l’éducation en général et le féminisme comme toute chose s’apprend à travers des médias. Lire des œuvres dites féministes est important pour pouvoir se faire cette éducation. Pouvoir découvrir des autrices de toutes les époques, régions du monde et âges est important car on se rend compte que nos enjeux féministes ne datent pas d’hier, ne sont pas restreints à des lieux ou à des générations. C’est un partage avec ces femmes que l’on vit quand on lit une œuvre.
Quelque chose à ajouter pour terminer ?
Lisez des autrices ! Et surtout partagez vos lectures avec les gens : c’est dans ce partage que l’on apprend et que l’on grandit. Le challenge #feminibook sur Instagram et Twitter de cette année est parfait pour ça et pour faire de belles découvertes.
Pour aller plus loin Le site de Glory Book Box Leur compte Instagram et leur page Facebook La page Facebook, le compte Instagram et la boutique Etsy de MightyMamaCréa, qui a illustré le carnet ainsi que le tote bag de la box que j'ai reçue Le site de la revue Clio. Femmes, Genre, Histoire Le site de GLAD !, revue sur le langage, le genre, les sexualités, qui publie des articles sur la littérature et la linguistique d'un point de vue féministe