En allant voir Wonder Woman en salles, film réalisé par une femme, on s’attend, si ce n’est à du féminisme, au moins à un peu d’empowerment. Mais au-delà de la force physique de la super héroïne, le personnage n’est pas si badass qu’on l’aurait cru.
On y croyait un peu pourtant, un tout petit peu. L’île paradisiaque des Amazones, Themyscira, où Super Woman a grandi, paraît comme un doux rêve. Ces femmes sont fortes, ces femmes sont belles, et elles se débrouillent excellemment toutes seules. Le problème n’est cependant pas là ou on l’attend : évidemment, ces femmes sont toutes plus sexy les unes que les autres, mais à vrai dire, ce n’est pas vraiment une surprise. Il ne faut pas oublier les comics sur lesquels s’est basée la réalisatrice Patty Jenkins.
Le physique incroyable de Wonder Woman et des autres amazones fait partie intégrante de la légende. On passera alors sur la sexualisation outrancière et le male gaze, car ce qui choque vraiment, ce n’est en effet pas le corps de Wonder Woman, mais plutôt sa tête – comprenez : ce qu’il se passe dedans.
Elle a grandi sur une île coupée de la société, d’accord. Elle n’est pas au courant de toutes les problématiques du monde actuel (ou plutôt de la 1ère Guerre mondiale) passe encore, ça donne d’ailleurs lieu à quelques répliques assez drôles. Mais notre héroïne n’est pas si super que ce que l’on croit : elle est d’une naiveté confondante. Petite, on présente Diana (future Super Woman) comme un personnage fort, avide d’aventures et de découvertes, qui veut parcourir le monde et se battre pour le bien de l’humanité.
Le petit hic, c’est que des années plus tard, elle parait toujours agir comme une enfant de six ans. Cette ingénuité est d’autant plus frustrante qu’elle se décuple une fois que Diana décide de quitter l’île de Themyscira avec un homme dont, sans suspense aucun, elle va tomber amoureuse. C’est cet homme, le capitaine Steve Trevor, qui lui apprendra tout ou presque, qui lui dira dira ce qu’il faut faire et ne pas faire.
Évidemment, notre Wonder Woman (qu’on appellerait d’ailleurs ici Wonder Girl) a, comme chaque enfant à un moment donné, l’esprit de contestation et le besoin irrépressible de sauver l’humanité entière, et décide donc à plusieurs reprises de ne pas obéir à son papa, pardon, son mec.
Puisqu’elle est, à défaut d’être réfléchie, très forte physiquement, elle va bien sûr arriver à ses fins sans grande difficulté – ceci n’est pas vraiment un spoiler. Mais pour cela, elle sera bien sûr aidée par des hommes mortels qui, eux, savent vraiment comment on fait la guerre. Wonder Woman, contrairement à ses alliés masculins, ne sait rien, elle ressent. Qualité communément attribuée aux femmes, et par laquelle le personnage est défini tout au long du film.
Bien qu’étant la femme la plus forte du monde, elle ne peut pas s’empêcher de se jeter sur un bébé dès qu’elle en voit un dans la rue, parce que quand même, c’est trop mignon – true story, elle crie même : « oh, un bébé ! » On sait que Wonder Woman était la seule enfant sur l’île des Amazones et qu’elle n’a donc jamais vu de nourrisson jusqu’alors. Mais sérieusement, à part pour renforcer des clichés dépassés, cette scène était-elle vraiment nécéssaire ?
La musique étouffante et les nombreux ralentis sur le corps et le visage quasi inexpressif de l’actrice Gal Gadot participent au désarroi général. Sans parler de l’histoire d’amour, qui ferait passer 50 Nuances de Grey pour un très bon drame passionnel. Iels s’aiment, et puis c’est tout. Pas de grand drame (à part une fin attendue), pas de drague, nada. Mais justement, l’Amour avec un grand A, c’est ça qui lui plaît, à Diana ! On découvre plus tard que c’est d’ailleurs son seul véritable moteur – comme toutes les femmes, cela va sans dire.
Finalement, on passe d’une demi-déesse forte et indépendante à une jeune femme naïve souvent ridiculisée, qui s’avère en effet être invincible. Super Woman : super déception pour les femmes, et notamment les fans du personnage, qui devront s’accrocher pour ne pas perdre leur héroïne en chemin.