Sommaire :
1. Parité femmes-hommes et égalité salariale
2 Parentalité : GPA, familles nombreuses, parents isolés, IVG
3. Violences faites aux femmes
4. LGBTQ+ (Lesbiennes, Gays, Bi.e.s, Trans et +)
5. Les femmes et la laïcité : mais quelle laïcité ?
Les dimanches 23 avril et 7 mai se dérouleront les élections présidentielles. Si tu suis ne serait-ce qu’un peu les actualités, tu sais que c’est le bazar. Les primaires n’ont pas mis tout le monde d’accord, certain·e·s candidat·e·s sont soupçonné·e·s de fraude ou d’avoir créé des emplois fictifs. Dans les sondages, on voit que les lignes bougent en permanence. Tu es un peu perdu·e ? Tu n’as pas de candidat·e favori·e, tu n’as pas (encore) vraiment regardé les programmes ? Je t’ai préparé une synthèse des propositions des candidat·e·s à propos des femmes et des personnes LGBT+. Certains programmes sont plus complets et/ou plus précis que d’autres, certain·e·s candidat·e·s privilégiant une liste de mesures à un programme long.
J’ai comparé les programmes des 5 candidat·e·s crédité.e.s d’au moins 5 % d’intentions de vote, afin d’avoir une vue d’ensemble : Marine Le Pen (Front National) ; François Fillon (Les Républicains) ; Emmanuel Macron (En marche) ; Benoît Hamon (Parti Socialiste), rejoint par Yannick Jadot (Europe Ecologie Les Verts) ; Jean-Luc Mélenchon (France insoumise, soutenu par le parti communiste). Pour plus de clarté, tous les thèmes seront traités de droite à gauche, en partant des propositions de Marine Le Pen pour arriver à celles de Jean-Luc Mélenchon.
Il s’agit d’un aperçu de certaines propositions des candidat·e·s à la présidentielles. Tu peux consulter l’intégralité des programmes des candidat·e·s sur leurs sites Internet si tu veux en savoir plus :
⁃ Marine Le Pen (FN) : voir entre autres les mesures 9, 54, 55, 87, 95 et 102
⁃ François Fillon (LR) : ici, ici et ici
⁃ Emmanuel Macron (En marche)
⁃ Benoît Hamon (PS) : ici, ici, ici, ici et ici
⁃ Jean-Luc Mélenchon (France Insoumise, investi par le Parti communiste) : ici, ici, ici, ici , ici et ici
Parité femmes-hommes et égalité salariale
Tou·te·s les candidat·e·s disent souhaiter, si ce n’est la parité, du moins l’égalité salariale entre les femmes et les hommes.
Certain·e·s formulent des propositions assez vagues ou incomplètes. : Marine Le Pen (Front National) propose la mise en place d’un « plan national pour l’égalité salariale femme/homme et lutter contre la précarité professionnelle et sociale ».
François Fillon (Les Républicains) et Benoît Hamon (Parti Socialiste) ont quelque peu détaillé leurs propositions. Pour le candidat LR, la volonté d’établir l’égalité salariale semble aller de soi, et est revendiquée au moyen d’un argument pour le moins… intéressant : en effet, l’égalité salariale ferait bondir le PIB de 7 %. On comprend mieux sa motivation. En ce qui concerne la parité, il souhaite augmenter les amendes à l’encontre des partis qui ne la respectent pas. Rappelons simplement que, pour l’instant, chez LR, on préfère payer les amendes plutôt que d’augmenter la proportion de femmes aux élections. Il souhaite également renforcer les contrôles au sein des institutions, et mener dans les établissements scolaires une campagne destinée à promouvoir la mixité des métiers.
Emmanuel Macron souhaite, lui, publier le nom des entreprises qui ne respectent la loi sur l’égalité salariale, et les tester, « au hasard, et massivement […] pour vérifier qu’elles respectent bien la loi en la matière ». Il veut également mettre l’accent sur la parité « dans les nominations des grands postes de l’État (agences et directeurs d’administration) ». Peut-être qu’il aurait du avant toute chose penser à féminiser le titre de la fonction…
Benoît Hamon est favorable, à l’instar du candidat LR, à une augmentation des amendes en cas de non-respect de la parité au sein des partis politiques. Les sommes ainsi récoltées seraient reversées au Ministère des droits des femmes et contribueraient à en doubler le budget. Cette méthode, consistant à combattre le sexisme ordinaire et institutionnel par des sanctions, est appelée contraignante, à l’inverse de celle proposée par exemple par la candidate FN. Le candidat PS propose la même chose pour l’égalité des salaires : augmenter les sanctions (amendes et peines d’emprisonnement). Il souhaite également créer une brigade de lutte contre les discriminations afin de lutter, entre autres, contre les inégalités salariales, le plafond de verre, et pour l’accessibilité des personnes handicapées.
Jean-Luc Mélenchon souhaite faire appliquer la loi sur l’égalité salariale à toutes les entreprises, sans exception. En cas de non-respect de celle-ci, les sanctions consisteraient à supprimer les diverses aides publiques, l’accès aux marchés publics, et à augmenter le montant des amendes. Il souhaite également garantir un gouvernement paritaire (à l’instar de ce qu’a fait François Hollande pendant une partie de son quinquennat), en précisant que les ministères régaliens (ministère des affaires étrangères, de la justice, du travail, de la finance, et de la défense) ne seraient plus réservés aux hommes. Il faut noter que, si ces ministères sont encore, la plupart du temps, dirigés par des hommes, ce n’est pas tout le temps le cas (cf. par exemple Christiane Taubira lorsqu’elle était ministre de la justice).
Parentalité : GPA, familles nombreuses, parents isolés, IVG
Aucun·e candidat·e n’a inscrit dans son programme la légalisation de la GPA (gestation pour autrui). Le gouvernement de Hollande voulait lancer le débat, tout comme pour la PMA (procréation médicalement assistée), mais a reculé après la légalisation du mariage pour tou·te·s. Sujet suscitant le débat par excellence, la famille. Qu’elle soit monoparentale, homoparentale, riche, fonctionnant sur des horaires décalés, elle est beaucoup évoquée dans les programmes et est souvent une métonymie du programme de chaque candidat·e.
Marine Le Pen parle d’une « politique nataliste » pour les familles françaises : rétablissement des allocations familiales universelles et de la libre répartition du congé parental. Rappelons qu’en 2015 la durée du congé parental est passée de six mois à un an, à condition que chaque parent prenne six mois. Allongée à trois ans à partir du deuxième enfant, une répartition est également obligatoire (24 mois maximum pour un parent). Rétablir la libre répartition serait alors aller contre l’esprit de la dernière loi, qui est de faire en sorte que, dans les couples hétérosexuels, ce ne soit pas la mère qui prenne systématiquement ou en majorité le congé parental, afin de lutter contre la précarisation des femmes.
Les mères sont un point central dans les programmes du FN et de LR : François Fillon souhaite d’une part renforcer l’accueil petite enfance afin de faciliter le retour des femmes au travail. Il souhaite d’autre part encourager le recours au télétravail pour les mères isolées, tout en leur offrant un accès privilégié aux logements sociaux et une baisse des charges de garde d’enfant.
Emmanuel Macron évoque très peu la famille dans son programme général, il faut aller faire un tour sur son site pour y trouver des propositions. Il souhaite créer de nouvelles places en crèches (mais combien ?). Afin que les familles soient plus égales face à l’attribution d’une place en crèche, il veut rendre les critères d’attribution des communes publics, afin de lutter contre le favoritisme, et mettre en place « un système de cotation des demandes ». Il souhaite la création d’un congé maternité unique pour toutes les femmes, aligné sur le régime le plus avantageux qui existe aujourd’hui.
À gauche, Benoît Hamon souhaite que la durée du congé paternité soit strictement alignée sur celle du congé maternité. Comme pour les autres candidat·e·s, il s’agit d’une proposition fortement hétérocentrée : tou·te·s excluent les familles non-hétérosexuelles de leur réflexion. Lui aussi souhaite une réforme du service public de garde d’enfants : il s’agit de permettre aux jeunes parents ainsi qu’aux mères isolées qui travaillent en horaires décalés de faire malgré tout garder les enfants, afin de faciliter le jonglage permanent entre vie familiale et vie professionnelle. Il souhaite également la réouverture des centres du Planning Familial qui ont fermé ces dernières années.
Jean-Luc Mélenchon est favorable à l’inscription de l’IVG dans la Constitution (de la 6ème République), afin que ce droit ne puisse plus être remis en cause. Il veut également instaurer des congés parentaux de durée égale pour les deux parents, garantir une « prise en charge digne pendant la grossesse et l’accouchement », et ouvrir 500 000 places en crèches tout en créant un service public unique d’accueil pour la petite enfance, assorti d’un « vaste plan de formation et de recrutement des professionnel·le·s de la petite enfance ». JLM souhaite également démocratiser et institutionnaliser l’accès à la contraception : remboursement intégral de tous les moyens de contraception, ouverture d’un centre IVG dans chaque hôpital, etc.
Enfin, Macron, Hamon et Mélenchon sont favorables à une légalisation de la PMA pour les couples lesbiens et les femmes seules.
Violences faites aux femmes
Les propositions concernant les violences faites aux femmes sont en général peu développées par les divers·e·s candidat·e·s, ou restent dans le domaine de l’abstrait et de la « loi-cadre ».
Marine Le Pen n’aborde tout simplement pas le sujet, tandis que le candidat LR développe un peu ses propositions. D’abord, en amont, s’attaquer à l’origine du problème, l’éducation, en mettant en place dès l’école primaire une réflexion sur l’égalité femmes-hommes. Dans la rue et les transports en commun, sanctionner d’une amende les comportements s’inscrivant dans le harcèlement de rue. En entreprise, « renforcer les dispositifs de signalement du harcèlement sexuel », sans propositions concrètes.
En aval, il s’agit de mettre en place un « cadre sécurisant » afin d’encourager les femmes à porter plainte, en leur offrant par exemple la possibilité de s’adresser à une policière. Une dernière proposition, qui part d’un bon sentiment mais reste ambiguë : « développer l’hébergement d’urgence à destination des femmes victimes de violences [conjugales] », mais… « en veillant à ce qu’elles puissent réintégrer leur logement dans les délais les plus brefs ». Une précision quant à ce qu’il advient alors du conjoint violent aurait été la bienvenue.
La palme de la formulation la plus absurde revient au candidat d’En marche, qui dit vouloir sanctionner les diverses incivilités au moyens d’« amendes immédiates et dissuasives ». Les incivilités en question ? : « le harcèlement des femmes, les insultes, la dégradation du mobilier urbain, les crachats… ». Je ne sais pas toi, mais personnellement je trouve ça très drôle de voir que combattre le harcèlement de rue est tout aussi important que se battre contre les gens qui crachent dans la rue – mieux vaut en rire qu’en pleurer.
Au-delà de ça, il souhaite également, comme d’autres, mettre en place une campagne de sensibilisation. Il veut aussi généraliser l’utilisation du « téléphone d’alerte » qui garantit « à la victime une intervention rapide des forces de sécurité, en cas de grave danger et donc avant la commission de nouveaux faits de violences ». Si l’idée est intéressante, ce téléphone peut pour l’instant uniquement être « accordé par la procureur de la République après évaluation du danger encouru par la femme victime de violences » : dans quelle mesure ledit procureur est-il capable d’appréhender les dangers encourus par des femmes au sein de leur couple ?
Benoît Hamon veut augmenter le délai de prescription du viol à 20 ans (aujourd’hui 10 ans pour les viols commis sur majeures, 20 ans pour les viols commis sur mineures). Il justifie sa proposition en évoquant le temps parfois extrêmement long qui s’écoule entre le crime commis et la plainte de la victime (quand plainte il y a). Il propose de créer 4 500 places d’hébergement spécialisé pour les femmes victimes de violences conjugales. Il veut également que les plaintes pour viol, agressions sexuelles, et violences conjugales soient mieux traitées, que les poursuites deviennent systématiques, et enfin que les délais de justice (parfois très longs) soient réduits.
Jean-Luc Mélenchon veut instaurer une loi-cadre en travaillant avec des associations féministes, renforcer la politique de logements prioritaires et d’hébergements d’urgence pour les femmes en danger, mettre en place des campagnes de sensibilisation et prévention permanentes, ainsi qu’assurer une formation obligatoire au personnel concerné, afin qu’il puisse mieux réagir et accompagner les femmes victimes de violences. Il souhaite également abolir le délai de prescription pour les violences sexuelles, et développer un plan de lutte national contre le harcèlement de rue.
LGBT+ (Lesbiennes, Gays, Bi.e.s, Trans et +)
Ici, les propositions et engagements pris se font rares. En ce qui concerne le FN et LR, ces engagements sont strictement négatifs et restrictifs. Pour les deux candidat·e·s, la PMA reste autorisée seulement pour les couples hétérosexuels infertiles. François Fillon souhaite augmenter les sanctions à l’encontre des Français·e·s ayant recours à la GPA à l’étranger. Marine Le Pen souhaite l’abrogation de la loi Taubira sur le Mariage pour tous (sans effet rétroactif cependant), afin de proposer un « PACS amélioré », sans qu’on en sache plus. Le candidat LR va un peu moins loin (tout en restant, rappelons-le, soutenu par Sens commun, émanation de la Manif pour tous ) : il souhaite détricoter en partie la loi Taubira, en mettant fin à l’adoption plénière (sans effet rétroactif) pour les couples homosexuels. Cela signifierait le retour à une adoption simple, qui n’efface pas le lien avec la famille d’origine. L’objectif affiché étant évidemment de montrer son attachement à son modèle hétérocentré de la famille (le tant entendu « un papa, une maman »).
Emmanuel Macron se dit favorable à la PMA pour les femmes seules et les couples lesbiens, mais il considère le problème d’un point de vue strictement juridique, tout en précisant : « Pour avancer de façon pédagogique, nous souhaitons attendre l’avis du Comité consultatif national d’éthique (CCNE), afin d’assurer dans la société un vrai débat, pacifié et argumenté ». Pour les convictions, on repassera (une fois de plus).
Rien de plus dans son programme, mais des interventions qui peuvent laisser perplexe. Je pense à cette déclaration si commentée : « une des erreurs fondamentales de ce quinquennat a été d’ignorer une partie du pays qui a de bonnes raisons de vivre dans le ressentiment et les passions tristes. C’est ce qui s’est passé avec le mariage pour tous, où on a humilié cette France-là ». La réaction de la communauté LGBT+ a été immédiate et sans appel, tout comme celle de Christiane Taubira, qui avait porté cette loi en 2013. Le candidat d’En marche a par la suite précisé ses propos, mais il y a de quoi être et rester perplexe.
Benoît Hamon est favorable à la PMA, mais opposé à la GPA. En ce qui concerne les personnes trans*, il souhaite une simplification du « droit à changer la mention du sexe à l’état civil », changement qui nécessiterait plus qu’une « déclaration devant un officier d’état civil ». Étant donné l’énergie, l’argent, et le courage que cela demande aujourd’hui pour changer d’état civil lorsqu’on est une personne trans* (et que je ne saurais imaginer en tant que femme cis), cette proposition, manifestement due à l’alliance avec Yannick Jadot (EELV), qu’il avait, le premier, inscrite dans son programme, est une avancée notable.
Elle est d’ailleurs partagée par Jean-Luc Mélenchon, qui va même plus loin : le candidat de la France insoumise souhaite « inscrire le droit à l’identité de genre dans les droits humains inaliénables protégés par la Constitution de la 6è République ». Cela permettrait la reconnaissance du « droit au libre choix du genre », « incluant le droit à la non-binarité ». Il s’agit donc d’abolir la binarité des genres telle qu’elle existe aujourd’hui dans toutes les couches de la société (et notamment dans l’administration).
Par ailleurs, JLM souhaite renforcer les droits des personnes intersexes, en interdisant les mutilations à la naissance, mais également les traitements hormonaux et les stérilisations forcées : le consentement et la décision éclairée des personnes intersexes doivent primer. Enfin, JLM veut lutter efficacement contre les IST (infections sexuellement transmissibles) et notamment contre le virus du sida ; diminuer le taux de suicides chez les personnes LGBT+ ; revoir les critères permettant de donner son sang (actuellement considérés comme homophobes) ; lutter contres les LGBT+-phobies à l’école et en milieu professionnel. En ce qui concerne les réfugié.e.s LGBT+ se trouvant en France, il souhaite développer leur accueil.
Les femmes et la laïcité : mais quelle laïcité ?
La laïcité s’est invitée dans les débats de la primaire de la droite et du centre puis de la gauche. Réminiscence de la polémique autour du burkini ? Toujours est-il que le principe de laïcité est quasiment toujours associé à la condition des femmes. La condition des femmes musulmanes voilées bien sûr. Sujet de prédilection du FN, les autres candidats ont du s’en saisir également, afin de clarifier leurs positions respectives.
Dans son court paragraphe intitulé « défendre les droits des femmes », la première proposition de Marine Le Pen consiste à « lutter contre l’islamisme qui fait reculer leurs libertés fondamentales ». Sa position affichée et assumée : ne parlons pas surtout pas du sexisme omniprésent chez les catholiques traditionnel.le.s, intéressons-nous plutôt à cette religion non-française, nécessairement violente, et qui permet de renforcer le discours raciste et xénophobe. Comment MLP veut-elle promouvoir la laïcité ? Tout d’abord en luttant contre le « communautarisme », en inscrivant dans la Constitution un principe : « La République ne reconnaît aucune communauté ». On aurait pu attendre « religion » au lieu de « communauté ». L’amalgame entre Islam, cités et terrorisme est donc présent dès le début.
Il s’agit dès lors de « rétablir la laïcité partout » et de « l’inscrire dans le Code du travail ». Il en va de même pour l’école. Au-delà de ces phrases un peu vides et pompeuses, voilà ce qu’il faut y comprendre : combattre l’Islam par tous les moyens possibles, faire la chasse aux femmes voilées (nécessairement prisonnières d’hommes affreux, véritables représentants du sexisme actuel en France), discriminer les Musulman·e·s en faisant passer cela pour de la laïcité, grande valeur républicaine, alors même qu’il s’agit de racisme (à peine) déguisé.
François Fillon ne fait pas beaucoup mieux, il formule simplement les choses différemment. Tout d’abord, faire respecter la loi de 2010 interdisant le port de la burqa, sous-entendant que le gouvernement actuel est trop laxiste à ce sujet. Puis utiliser l’article 8 de la loi sur l’état d’urgence permettant de fermer les mosquées « au sein desquelles sont tenus des propos constituant une provocation à la haine ou à la violence », mesure complétée par l’interdiction des prêches en arabe. Enfin, laisser le choix aux universités d’interdire ou non le voile au sein de leurs établissements. Chez le candidat LR on trouve donc également une laïcité coercitive, s’attaquant uniquement à l’Islam. Cela a pour conséquence de diaboliser la religion musulmane et de faire oublier les abus dont la religion catholique se rend régulièrement coupable.
Emmanuel Macron, quant à lui, mélange idées de gauche et de droite. Idées de gauche, d’abord : développer « la connaissance des différentes religions à l’école en prévoyant un enseignement spécifique sur le fait religieux », et ne pas étendre l’interdiction du port du voile à l’université. Idées de droite, ensuite : démanteler « les associations qui, sous couvert de religion, s’attaquent à la République. C’est-à-dire fermer « les lieux de culte dans lesquels certaines prêchent l’apologie du terrorisme ». Impossible de ne pas rapprocher cette proposition-là de celle de François Fillon, la reprise des mêmes éléments de langages étant troublante.
De manière très claire, le candidat PS revendique une République laïque libérale, qui accepte toutes les religions en son sein. Lors du dernier débat des primaires, il avait en effet déclaré face à Manuel Valls : « Là où le voile est imposé, je le combattrai de toutes mes forces. Mais là où une femme décide de porter le voile islamique, et il en existe, elle est libre de le faire ». Il avait d’ailleurs voté contre l’interdiction du port du voile intégral dans l’espace public en 2010.
Quant à Jean-Luc Mélenchon, il est pour une politique plus offensive que celle de Benoît Hamon, proche de celle prônée par Manuel Valls. En effet, la liberté de conscience implique pour lui « le refus d’une reconnaissance publique des religions et le refus de les financer ». Il s’agit dès lors de revenir à la loi de 1905, en supprimant les modifications qui ont pu y être apportées entre-temps. Y entendre : supprimer la loi de 2004 sur l’interdiction du voile à l’université, et la loi de 2010 interdisant la burqa. De façon plus anecdotique, il s’agit d’abroger le concordat d’Alsace-Moselle, qui reste aujourd’hui encore une exception à loi 1905. Symboliquement, il veut interdire la présence aux cérémonies religieuses des représentant·e·s de l’État dans l’exercice de leurs fonctions.
Enfin, sur le plan financier, abroger la loi Debré qui permet le financement par l’État des écoles hors-contrats ; supprimer les financements publics « pour la construction d’édifices religieux, des activités culturelles et des établissements confessionnels ». On notera que le candidat de la France Insoumise est à la fois le seul à avoir autant de propositions concrètes, et le seul candidat à gauche à penser une laïcité offensive et non libérale.