Illustration : Janna B.
Depuis que je sors et couche avec une fille, beaucoup de choses ont changé dans mon corps et surtout dans ma tête. Tour d’horizon de tous les trucs cool qu’on découvre quand on est une fille qui sort avec une fille.
Disclaimer : certains points concernent particulièrement les couples cis
Je suis une femme pan (ou bi, comme tu préfères), et j’en ai pris conscience après avoir couché avec un bon tas de mecs, et être tombée amoureuse tous les quatre matins. Copains, plans cul plus ou moins réguliers, amours de ma vie, les mecs étaient partout, dans ma tête, dans mon coeur et ailleurs aussi. Et puis j’ai rencontré une fille, je suis tombée amoureuse, je vous passe les détails mais maintenant on vit ensemble, on a deux chats et tout va bien au pays du couple lesbien. Bien sûr que l’amour, qu’il soit physique ou spirituel, n’a ni genre ni sexe.
Bien sûr que c’est pareil avec une femme et avec un homme, bien sûr que ce qui compte vraiment, c’est la personne. Mais en même temps… On vit dans une jolie société patriarcale, cis-hétéro-centrée. Et, de fait, être en couple cis avec un homme ou une femme, dans ce monde, ce n’est pas forcément tout à fait pareil, même si pour toi, rien ne change, t’es amoureuse et puis c’est tout. Voici ce que j’ai pu remarquer en passant de relations hétéros à homos.
(Evidemment cette liste est une liste non exhaustive et n’engage que moi et mes diverses expériences, et j’ose espérer que tout le monde n’a pas les mêmes)
Ta propre personne tu deviendras
Je me sens beaucoup plus forte depuis que je ne relationne plus avec des mecs. Je me sens plus moi-même. Avec eux, j’avais toujours l’impression d’être la copine de. Et ça, je m’en suis rendue compte seulement une fois que c’était fini. D’un naturel plutôt pas trop sociable et timide, c’était tellement confortable pour moi de me cacher derrière cet amoureux, ce sexfriend, grand, beau, et plein de poils et de muscles – bien qu’ils ne correspondent pas tous forcément à cette description.
Un mec, pour moi, femme élevée dans ce monde d’hommes, c’est rassurant. C’est lui qui gère, c’est lui qui défonce la gueule du méchant qui me touchera les fesses dans le métro, c’est lui qui ramène la bouteille de vin pour le dîner chez nos ami·e·s, c’est lui qui me dit de ne pas m’inquiéter, qu’il est là, qu’il sera toujours là, que rien ne pourra m’arriver si je reste dans ces jolis bras. Je parle au présent parce qu’au fond de ma petite tête, c’est difficile de déconstruire tout ça, ça prend du temps. Bref, avec une fille, je me ne sens pas protégée, je me prends le vent de la vie en pleine face, sans casque, sans personne à qui m’accrocher.
Mais en fait, ce n’est pas plus compliqué, c’est mille fois mieux comme ça. C’est la vraie vie que je découvre, celle où on existe pour soi, celle où, c’est vrai, on peut être protégée, mais aussi être protectrice quand quelqu’un en a besoin. Avec une fille, les rôles sont plus facilement interchangeables. Je te fais des gros câlins et un bon thé aujourd’hui parce que tu ne vas pas bien, et peut-être que demain tu iras me chercher au travail avec deux bières et beaucoup de chocolat parce que ce sera mon tour d’avoir le moral dans les chaussettes. Oui, je suis toujours la copine de, puisqu’il s’avère que j’ai une copine, mais je ne suis pas que ça, je ne me cache pas derrière. Je ne me sens pas inférieure à elle, pas moins forte, enfin disons que ce n’est pas systématique. Nous sommes deux personnes à part entière, et on porte la culotte chacune notre tour.
Ton corps tu apprivoiseras
En sortant et/ou en couchant avec des filles, tu te rends compte qu’elles ont, comme toi, des poils un peu partout, des vergetures, de la cellulite, etc. Toutes ne les acceptent pas, certaines les cachent, cherchent à les faire disparaitre, mais au moins, tu sais que ça existe ! Vous pouvez sortir ensemble, vergetures au vent, ou bien vous prêter votre épilateur avant de faire un tour à la plage. Et jamais ton amoureuse ne te dira que, quand même, tu exagères un peu, alors que tu seras en train de pleurer toutes les larmes de ton corps le premier jour de tes règles.
J’ai fait partie de ces filles qui ne peuvent pas coucher avec un mec si elle ne sont pas parfaitement épilées, comme s’il fallait cacher la vérité, notre véritable corps, que jamais, ô grand jamais aucun homme de se rende compte que j’ai des poils, et peut-être même plus que lui. Ce mythe n’a pas de raison d’être dans un couple de femmes, et ça fait affreusement du bien. Rien n’empêche de se raser, de s’hydrater la peau avec de la crème pour bébé ou de commencer un régime, mais au moins il n’y a pas de mystère, pas d’image sur papier glacée à entretenir, pas cette immense barrière entre deux genres, qui interdirait à ton mec d’entrer dans la salle de bain quand tu t’épiles les aisselles.
Une alliée de choix tu auras
Plusieurs de mes copains, lorsque j’étais en plein monologue sur le viol conjugal, le harcèlement de rue, ou bien l’inégalité des salaires, ont qualifié mes envolées politico-lyriques de trucs de féministes. Evidemment qu’ils sont contre les violences faites aux femmes, évidemment qu’on devrait gagner autant que ces messieurs, mais, quand même « à quoi ça sert que t’arrête de te maquiller ? », « de toute façon on peut plus rien dire », « l’égalité oui, la misandrie non », et j’en passe et des meilleures. Il m’est donc arrivé de crier, de pleurer, de partir en courant, après avoir entendu une de ces répliques.
Je sais qu’il existe des femmes non féministes, des qui te demanderont comment tu étais habillée quand ton patron t’as proposé un rendez-vous très privé, mais il y a une différence : elles sont des victimes potentielles. Elle peuvent comprendre les injonctions à la féminité, la peur de rentrer seule le soir, et se demandent parfois pourquoi c’est toujours elles qui changent les couches de bébé. Et, ça, cette toute petite différence, le fait d’être concernée, ça change tout.
Un ex m’avait dit un jour, alors que je me plaignais du harcèlement de rue : « Non mais te plains pas, moi je rêverais qu’on m’aborde dans la rue ! ». Mec, mets toi une semaine, une journée, une soirée dans ma peau et ferme ta bouche. Une femme, elle, l’aurait sûrement vécu aussi. Peut-être qu’elle dira qu’elle prend ça pour un compliment, peut-être qu’elle expliquera en quoi ce n’est pas si grave, mais elle ne niera pas. Elle comprendra. Car, comme moi, elle est concernée. Et avoir une copine, une amoureuse ou un coup d’un soir avec qui on peut discuter de tout ça sans que cela soit qualifié de trucs de féministes, ça fait du bien.
La vaisselle elle fera – peut-être, parfois
On le sait bien, le privé est politique. Les femmes effectuent toujours la majorité des tâches ménagères, et ce sont elles qui, la plupart du temps, s’occupent des enfants quand il y en a. Et ça, ce n’est pas parce qu’on a la fibre maternelle-ménagère, mais bien parce que, quoi qu’on en dise, on vit dans une société patriarcale où les femmes sont les reines de la sphère privée, et les hommes les empereurs du monde extérieur. Le privé est politique donc, et ça se ressent notamment dans les couples non queer.
C’est bien que ton mec t’aide à faire la vaisselle et à étendre le linge, peut-être même qu’il fait le lit tous les matins, mais le mieux, tu vois, ce serait qu’on n’ait même pas à souligner tout ça. Combien d’amies, de connaissances et de proches se plaignent de leur homme, de leur amant, avec ses chaussettes sales et ses poils dans la baignoire ? Ce ne sont pas que des clichés, c’est une réalité qui concerne de trop nombreuses personnes.
Dans une couple lesbien, cette problématique s’efface. Il est possible que ta partenaire de vie soit une experte de la procrastination, qu’elle ne touche à une éponge qu’une fois tous les deux mois. Vivre entre femmes ne signifie pas que la répartition des tâches se fait de manière équitable. Il y a d’ailleurs toujours un parent par défaut, même dans les couples de femmes. La nuance, c’est que cette répartition inégale des tâches, ce n’est pas le patriarcat qui la dicte, mais la personnalité, l’emploi du temps, les préférences de chacune. Ce n’est pas forcément un véritable choix, mais c’est, de base, beaucoup plus équitable.
Le sexe du bien te fera
La fameuse étreinte qui se termine aussitôt le sperme au fond de la capote, de ton vagin, de ton anus ou de ta bouche (ou sur tes seins, ton visage et où sais-je encore), ça te dit quelque chose ? Parce que moi, oui ! J’ai connu un homme, dont j’étais amoureuse et avec qui j’ai passé une jolie année de ma vie, qui, dès qu’il avait joui, me faisait jouir à mon tour. C’était systématique ou presque, et puisque qu’il était un de mes premiers copains, j’ai naïvement cru que cela était tout à fait normal.
Au fil de mes nuits en compagnie d’autres garçons, j’ai vite compris que je me trompais royalement. Et encore, je ne suis pas spécialement à plaindre ! J’ai pris mon pied avec tous mes amants, sans exception, j’ai passé de délicieux moments à leurs côtés. Mais c’est vrai que, quand même, sortir du schéma je mets mon pénis à l’intérieur de toi, je te titille rapidement les tétons et le clitoris, j’éjacule et bonne nuit, c’est très agréable. En faisant du sexe avec des femmes (ou même une seule hein, tu peux y aller doucement), on se rend compte de toutes les merveilleuses possibilités qui s’offrent à nous.
Et oui, les trucs trop cool qu’on appelle vulgairement préliminaires, c’est aussi faire l’amour. Ce n’est préliminaire à rien du tout, si ce n’est à l’orgasme, et ça c’est génial. On n’est pas obligé d’avoir trois doigts, un sextoy ou un pénis à l’intérieur de soi pour kiffer, on n’a pas besoin de jouir en même temps, d’ailleurs il faut en finir avec cette quête de l’orgasme simultané, qui est au fond de la tête de chaque individu ayant une relation sexuelle cis-hétéro. Avec une fille, on peut s’occuper l’une de l’autre à tour de rôle, en même temps, avec des jouets ou sans, tout est possible, et sans que personne ne pleure parce qu’on n’aura pas utilisé son gros zizi. Attention, je précise bien, petites naïves, que toutes les meufs ne sont pas des bons coups, et que certains mecs peuvent vous faire grimper au rideau avant d’avoir eu le temps de dire « clitoris ».
Ta garde-robe s’agrandira
Last but not least, car il faut dire que pour moi ce point est quand même l’un des plus importants : les fringues ! Et pas que, les cosmétiques aussi, avec un peu de chance ta future amoureuse sera aussi fan de vernis que toi, et vous agrandirez votre collection ensemble. Pourquoi pas commencer une chaine Youtube ? Le monde s’ouvre à vous. Il est vrai que c’est toujours plus simple quand on a les mêmes goûts et la même taille.
Mais même si ce n’est pas le cas, il y a toujours moyen de s’entraider : des collants, un pyjama, un bonnet ou une paire de gants. Vous aurez deux fois moins de place, mais deux fois plus de possibilités. Tu as tes règles mais plus de médocs pour calmer cette horrible de douleur ? Rien de grave, ta moitié va t’en passer. Il en va de même pour les tampons, les élastiques, les clopes… Bon, d’accord, les clopes ça marche aussi avec les garçons, et les élastiques avec toute personne aux cheveux longs, mais tu vois où je veux en venir.
Revenons-en aux fringues : tu vois cette sublime veste en jean que tu ne pourrais jamais t’offrir car tu as vraiment besoin de ce dernier rein ? Si tu arrives à convaincre ta meuf, ce qui ne devrait pas être compliqué puisqu’elle est merveilleuse (la veste hein, enfin ta copine aussi mais c’est pas la question), vous pourrez l’acheter à deux, partager les frais ! Quoi de plus beau que de partager une belle pièce avec sa moitié ? Je tiens néanmoins à souligner que le rdv peut facilement tourner au cauchemar si les protagonistes ne se mettent pas d’accord sur le mode de garde. Soyez prudentes !
Alors, je ne t’ai pas convaincue avec tout ça ? Si tu es une fille qui aime les filles mais que tu n’oses pas encore te lancer, c’est le moment d’actualiser ton profil Tinder et d’agrandir tes horizons, tu as tout à y gagner !
Attention : la rédaction ne se tient pas responsable des dates pouraves que tu pourrais avoir. Sortir avec des femmes c’est cool, les pécho c’est une autre histoire.