Féminisme Sexe
Sexe hétéro et image de soi dans une société patriarcale

et la nécessité du féminisme

Roseaux, magazine féministe  Louve Souci



TW :  viol conjugal, sexe forcé

Dans ce texte, j’utilise souvent des formules passives, qui laissent sous entendre que c’était de ma faute, car c’est comme cela que je l’ai ressenti, ce n’est bien sûr pas le cas.
Cisgenre*  décrit le cas où le genre ressenti d’une personne correspond au genre qui lui a été assigné à la naissance.

Ça a commencé avec ma première fois. Je suis sortie avec un mec bien plus vieux que moi, j’avais 15 ans et lui 22. Au bout de deux semaines, il a commencé à vouloir que l’on couche ensemble, ce à quoi je lui ai répondu que j’étais vierge, et que je souhaitais attendre, que c’était important pour moi. À chaque fois que nous nous voyions, il insistait, et je refusais de nouveau.

Une fois, malgré que j’ai de nouveau refusé et expliqué, il a continué à être entreprenant, et je me suis laissée faire, j’ai cédé, je me disais « de toute manière, il a l’air de s’en foutre de mon avis, alors à quoi bon ». C’était horrible, pénétration à sec, sans préliminaires, j’ai eu mal évidement, mais on nous dit dit que ça fera mal de toute manière, donc y a pas de soucis non ? Je l’ai éjecté en plein milieu de l’acte, je me sentais dégoutée de moi-même et sale, je me suis ruée sous la douche seule.

Lorsque je suis revenue dans la chambre, il y avait une tache de sang de 10 centimètres environ sur les draps, j’ai eu honte… il a mis une serviette dessus, et j’ai dormi sur la serviette, l’angoisse. Je suis partie le lendemain matin, et je l’ai plus jamais revu. J’ai demandé à ma mère de répondre à tous ses appels, sans lui expliquer pourquoi, j’ai prétendu être malade, et j’ai fini par le quitter par message, je ne pouvais plus lui parler, le voir, c’était trop. Je me suis sentie coupable, il avait 7 ans de plus que toi, à quoi tu t’attendais ? (À avoir un homme respectueux qui prendrait en compte mon consentement ?)

Je pense que ma décision sur le moment a été influencée par la pression d’avoir « couché » , de ne plus être « vierge » avant la fin du lycée, sinon t’es pas « cool ». L’injonction qu’un rapport femme cisgenre*/homme cisgenre* = pénétration + éjaculation a empiré mon sentiment car mes amies, après que je leur ai raconté ce qui s’était passé – version édulcorée -, m’ont dit que « bah non t’es toujours vierge, il a pas fini ». Ah super, donc tout ça c’était pour « rien ».

Je pense qu’à ce jour, il n’a toujours pas conscience de l’impact de ses actes, il m’a demandé en ami sur Facebook il y a quelques années d’ailleurs, je ne sais pas pourquoi j’ai accepté ? Je ne me sentais pas légitime ? Avec le recul, j’ai l’impression aussi que j’ai souffert du fait que l’on a une très faible représentation du désir féminin (c’est quoi, ça ressemble à quoi, ça marche comment ?), de la pression d’aimer le sexe (pas trop surtout, mais quand même, sinon tu es taxée de frigide ou coincée, et ces deux choses sont mal vues, alors tu fais semblant), du harcèlement de rue dès très jeune, des propositions salaces d’hommes qui avaient l’âge d’être mon père alors que j’étais mineure ou à peine majeure, d’avoir été sexualisée avant d’y être prête (l’est on un jour ?), des représentations du sexe que le porno m’a donnée (à 12 ans, on a pas le recul pour analyser ça).

Je n’ai pas eu de rapports pendant deux ans après ça. J’étais terrifiée par ce désir masculin que je ne comprenais pas. J’ai appréhendé le désir masculin comme quelque chose qui naissait à la vue de mon corps, sans que je n’y puisse rien, comme une malédiction. « Tu m’excites », «  T’es bonne », « Tu me fais bander », toutes ces formulations, ces phrases qu’on dit ou qu’on m’a dites rendent implicites que l’homme n’y est pour rien, c’est la vue de mon corps qui tente, qui excite, c’est de ma faute.

Même des gestes anodins sont transformés « tu fais ça pour m’exciter » (ben non ?). Je n’ai pas réfléchi à mon propre désir, j’avais l’impression qu’il n’existant pas, et que je n’étais qu’objet pour le désir de l’autre. Lorsque j’avais 16 ans, un voisin (pote à mon père) du double de mon âge, marié et avec un nouveau né est venu chez moi pour nous emprunter un couteau, j’étais seule et il m’a fait plusieurs insinuations sexuelles pour finir sur une proposition salace.

Je l’ai repoussé et lui ai dit de partir de chez moi, il est revenu 5 minutes plus tard « surtout n’en parle pas à tes parents hein », j’ai mis un déménagement à l’autre bout du monde et un an avant d’oser en parler à ma mère. Je me sentais coupable car lorsqu’il est arrivé chez moi, je portais une robe avec un décolleté, et j’ai eu l’impression de « pas avoir fait gaffe », de l’avoir cherché. À 21 ans, alors que je me suis fait une énième fois harcelée dans la rue en rentrant du sport, je rentre au bord des larmes, pour une fois que je ne me change pas pour rentrer, je me mange une réflexion, mon ex me dit « bah en même temps t’as mis un legging », sous entendu « tu sais que ce legging te fait un joli cul, t’étonnes pas ». Encore une fois c’est de ma faute, l’homme n’y est pour rien.

« Mais dans ma tête, les calculs n’arrêtent pas. Ça fait plus de 10 ans que je suis « sexuellement active », et je n’y comprends rien. J’ai l’impression que tous les mecs qui m’ont privée du temps et de l’espace dont j’avais besoin ont cassé quelque chose dans ma machine à désirer. Je me retrouve prise – que je le veuille ou non – dans ce rapport au sexe forcé, qui vient contaminer mes maigres avancées sur le sexe ou non-sexe choisi. Je ne sais même pas ce que je veux. Quatre petites expériences, c’est bien peu pour réanimer ma capacité à désirer. Tout le reste du temps, on m’a juste appris à désirer être désirée, et surtout bien la fermer.  ».  Lire le texte complet sur Le Seum Collectif

Claque n°1.

« On m’a juste appris à désirer être désirée ». Même dans mes relations avec mes amis, cela se retrouvait. J’ai pendant longtemps basé ma valeur personnelle sur l’attirance que les mecs avaient envers moi ou ils me considéraient comme « jolie », même par avec amis, j’avais l’impression que c’était la seule chose que j’avais à offrir, un pot de fleur, et que si par malheur je perdais ma « beauté » ou ma « bonnassité », alors mes amis cesserait de me prêter attention.

Une croyance intégrée par l’obsession des médias et de la société sur l’apparence des femmes, et encore plus enfoncée dans mon crane lorsque simultanément, je me suis retrouvée un trop grand nombre de fois dans la situation où j’étais amie (enfin, c’est ce que je croyais) avec un homme, pour au bout de quelques mois, celui-ci réalisant que je n’allais pas coucher avec lui, coupait complètement les ponts, sans explication.

J’ai eu l’impression que je n’étais bonne qu’à ça, que ma seule valeur c’était « un trou » avec des seins et des fesses, et que je n’avais rien d’autre à offrir en tant que personne. Pour éviter que cela ne se reproduise, j’ai ensuite pris l’habitude d’être claire depuis le début « on est juste amis », mais cela n’a rien résolu, je me suis mangée un « non mais qu’est ce que tu crois, pff », pour quelque mois plus tard, me retrouver dans la même situation.

Toute mes relations sexuelles passées avec des hommes on été biaisées, j’ai intégré que c’était normal que j’ai moins de désir « parce que t’es une femme », qu’il fallait plaire à son mec, le contenter, sinon il allait partir ailleurs, qu’il était normal aussi que je n’ai pas d’orgasme avant 30 ans, donc ne te préoccupe pas de ton désir, ne t’interroge pas dessus, c’est normal que tu n’en ais pas, ça va venir tout seul dans 10 ans. Se contenter du fait que tu jouis une fois sur 10, alors que ton partenaire à chaque fois, mais ce n’est pas grave, tu fais ça pour lui, pas pour toi non ? Surtout bien apprendre à faire une fellation, « c’est le ciment du couple ».

J’ai intégré que mon corps n’était pas à moi, que mon désir n’était pas important. A cause de ça, une grande majorité de mes relations sexuelles se sont faites dans le cadre de « il a envie, moi non, mais je vais lui faire plaisir », à regarder le plafond et attendre que cela se termine. Je leur en ai voulu, de ne pas avoir vu que je n’étais pas dedans, de ne pas l’avoir réalisé, de ne pas avoir demandé. Mes ex le sentaient parfois, quand je n’étais pas dedans. Je le sais parce que parfois, avec un, il s’arrêtait et s’énervait « ouais vas y ça me soule, tu kiffes pas ».

Mais parfois il le sentait (ou pas), et il continuait, il décidait d’outrepasser son sentiment. À un moment, si je ne suis pas vraiment dedans, mais que j’ai dit oui, alors je dois quand même le vouloir un peu non ? Je ne sais pas ce qu’il se passait dans sa tête lorsqu’il réalisait que « je ne suis pas dedans », et qu’il continuait. Je crois que la réponse me fait peur, et qu’elle lui ferait peur aussi.

"LUI : hey bébé, j'ai checké sur le calendrier, et je crois que c'est le moment de coucher ensemble. Selon le Guide des Couples Normaux, si on baise pas ce soir, ça veut dire qu'on s'aime pas. En plus, j'ai l'impression que mes potes font plus souvent du sexe que moi et du coup ma virilité et mon identité d'homme sont super en danger. Et puis j'ai lu quelque part que si je n'éjacule pas régulièrement dans un vagin, mes couilles vont sécher et tomber, et aussi, je risque de mourir d'une attaque de frustration. Du coup, là, je suis en train de te faire un câlin un peu hot pour te montrer que j'aimerais effectuer une interaction d'ordre sexuelle incluant un coït vaginal avec toi. Tu es partante ?

 MOI : mmh écoute là je t'avouerais que j'ai surtout envie de dormir, comme à chaque fois que je suis couchée dans un lit avec la lumière éteinte et que c'est le soir. Mais ça m'embêterait vraiment que tes potes pensent que je suis frigide ou que notre couple n'est pas normal. En plus, je pense que je t'aime et que du coup je devrais vouloir coucher avec toi ce soir. En même temps j'ai super envie de dormir, donc je suis un peu partagée. Donc ma réponse, c'est un peu, « mouais, bof, quoi ».

 LUI : ah, tu veux qu'on discute pendant les 8 prochaines heures sur « est-ce que c'est normal ou pas que tu ne ressentes pas le désir absolu de coucher avec moi ce soir » ? Parce que quand je te propose une interaction sexuelle et que tu ne réponds pas de manière enthousiaste, ben ça me fait me poser plein de questions existentielles dont j'aimerais qu'on parle là maintenant tout de suite. Ou alors, si tu préfères, je peux bouder parce que je me sens délaissé. D'ailleurs je vais commencer à bouder, en fait, parce qu'en plus tout à l'heure tu m'as dit un truc qui m'a pas plu et je pensais que coucher avec toi ça aurait pu nous réconcilier.

 MOI : euh non attends avant de bouder. Là je check l'heure vite fait, et je me dis que vu que je bosse demain, il faudrait vraiment que je dorme le plus vite possible. Et c'est vrai que coucher ensemble, ça dure moins longtemps qu'une discussion, et c'est moins pénible que de te supporter quand tu boudes. En plus je me sens un peu coupable pour ce que je t'ai dit tout à l'heure. Du coup, allez, va pour le sexe.

 LUI : OK, super, me voilà soulagé. Je vais donc entamer une interaction à base de pénétration vaginale avec toi. Bon, j'avoue que ça me soulagerait encore plus si tu faisais semblant d'avoir envie.

 MOI : ouais mais en même temps j'ai pas envie. D'ailleurs, tu arriverais à finir vite, s'il te plaît ? Parce que là, je trouve pas ça super plaisant. C'est même un peu désagréable sur les bords. "

Lire le texte complet sur Ras la chatte

Claque n°2.

Parfois mon ex avait envie de coucher, et moi non, et je refusais. Je me sentais coupable, j’avais l’impression que je « devais le contenter », que j’étais responsable de le décharger de son désir, je me sentais coupable de ne pas avoir de désir, ou de ne pas en avoir autant. On nous apprends que vu que tu es « jeune », tu es censée avoir une sexualité débordante, baiser tous les jours, du coup tu te sens coupable de ne pas être comme ça, tu te compares tout le temps, aux chiffres, aux magazines, à tes amies, est ce que je suis normale ?

Et puis il y a les injonctions extérieures sous forme d’articles : « si tu as entre 15 et 20 ans, tu couches tous les jours, voire plusieurs fois par jour, si tu as entre 20 et 25 ans, tu couches 4-5 fois par semaine, si tu as entre 25 et 30 ans, 2-3 fois par semaine, après 30 ans, une fois par semaine, plus tard, une fois par mois ». Alors je faisais des calculs, ne pas faire l’amour plus d’une fois par jour, sinon ça compte comme un jour actif seulement, alors qu’on l’a fait deux fois, il vaut mieux faire l’amour une fois par jour sur deux jours, ça compte deux jours, c’est mieux pour les quotas.

Je ne comprends actuellement même pas comment j’ai fait pour me laisser penser ça ? ! Comment j’ai pu penser ça purin, c’est censé être joyeux le sexe, c’est censé être cool, être spontané, et je le voyais comme une statistique pour me placer, comme des devoirs qu’on doit faire, c’est triste, tellement triste.

Un jour ton ex te fait un speech, il en a marre, ça fait deux semaines que vous n’avez pas fait l’amour, ça le soule, vous en parlez, tu pleures, tu te sens coupable. Il ne se sent pas désiré, il a l’impression que c’est de sa faute. Tu lui expliques que non, que tu n’as juste pas autant de libido que lui. Mais tu te sens coupable, tu pleures. Pourquoi je n’ai pas de désir ? Il boude, tu te sens encore plus coupable.Tu finis par faire l’amour avec lui juste après, en te disant que ça va le rassurer.

Cette situation revient, elle est cyclique, à chaque fois que vous ne faites pas l’amour pendant 2 semaines, hop, re-discussion. Peser le pour et le contre, il en a envie et me touche constamment, donc 10 minutes de mon temps, puis il est content, ça vaut le coup, et j’ai la paix pendant 3 jours. Tu es triste de penser comme ça. C’est pas censé être ça une vie sexuelle de couple.

Ça s’empire, tu prétends que tes règles durent longtemps. Attendre tes règles avec impatience, ouf tu as une excuse pour refuser sans te sentir coupable. Je ne compte plus le nombre de fois où j’ai eu mal aux parties intimes pendant des heures après l’acte, car mon vagin n’était pas assez lubrifié ou dilaté, parce que j’ai laissé penser à mon ex qu’un peu de lubrifiant et c’était bon.

Illustration : Louve souci

 

Puis tu découvres le féminisme, la culture du viol, le consentement, la demi sexualité, l’asexualité, l’hétéronormativité, le patriarcat et ses injonctions sournoises, et tu réalises tout le poids qui était sur tes épaules, tout ce que tu avais intégré sans t’en rendre compte. Ça te tombe dessus. Tu apprends plein de choses, déconstruis des croyances, et maintenant, tu sais que « tu as de la valeur », et que ton désir (ou non désir) est légitime. Et là tu sens le soulagement t’envahir, un poids s’enlève de tes épaules, tu as envie de hurler, de pleurer de joie. Purin, je suis normale en fait. Y a pas de bug dans mon système.

C’est OK de ne pas avoir envie de coucher tous les jours, c’est OK d’avoir moins de désir que son partenaire. Non c’est pas ta faute si tu es sexualisée, non ce n’est pas ta faute quand tu te fais harceler, non ce n’est pas normal tout ça. Le féminisme m’a appris que je pouvais avoir de l’estime pour moi même, que j’étais légitime, que mes désirs ou non désirs sont légitimes. Je ne me force quasiment plus.

Je n’hésite plus à expliquer et insister que non, là ça ne va pas, mon vagin n’est pas une machine avec un bouton on/off qui s’agrandit et se lubrifie en 5 secondes, il faut qu’on s’en occupe et qu’on le prépare sinon ça va me faire mal. Je n’hésite plus à dire si j’ai mal pendant le rapport, dans une certaine position, ou juste que mon corps n’a pas envie d’une pénétration à ce moment là, et que « je le sens pas ». J’ai appris que mon absence de douleur lors d’un rapport était plus importante que l’excitation de mon partenaire.

Ça peut paraître normal, mais je ne compte plus le nombre de fois où je mettais l’excitation de mon partenaire avant mon confort, et ma non-douleur. J’ai appris qu’on n’est pas obligée d’avoir un rapport avec pénétration pour que ce soit un rapport. J’ai aussi décidé que je jouirais moi aussi, et pas seulement mon partenaire, et que mon plaisir étant aussi important que le sien. J’ai appris qu’il n’y a pas de règles dans la fréquence des rapports, des pratiques, autre que nos envies, je ne me force plus pour pouvoir me dire « ok on l’a fait, mon couple va bien ». Je fais l’amour moins qu’avant, mais toutes les fois sont consenties, je vais mieux.

Tu parles avec plein de femmes, tu réalises que vous êtes plusieurs à avoir exactement la même expérience, ton coeur se brise pour elles mais vous vous sentez moins seules. Et ça va mieux, pas tout de suite, pas d’un coup, mais ça s’améliore mais je pense qu’il va me falloir plusieurs années avant d’avoir tout déconstruit et de me pardonner de m’être laissée piétiner. J’ai aussi appris dans la foulée que mes désirs ou non désirs tout court sont importants, que si je n’ai pas envie de faire une chose, je n’ai pas à la faire ou l’inverse. Je ne me nierai plus pour les autres. Pour moi et pour plein d’autres, le féminisme n’est pas qu’un « mouvement pour les droits des femmes », c’est une question de survie.

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer





2 commentaires

WESH GROSSE : nous pratiquons tous la grossophobie ordinaire - Les Intelloes

[…] « Tu découvres le féminisme, la culture du viol, le consentement, la demi sexualité, l’asexualité, l’hétéronormativité, le patriarcat et ses injonctions sournoises, et tu réalises tout le poids qui était sur tes épaules, tout ce que tu avais intégré sans t’en rendre compte. Ça te tombe dessus. Tu apprends plein de choses, déconstruis des croyances, et maintenant, tu sais ». Un texte bien utile par sa capacité à nous faire réfléchir. Patriarcat quand tu nous tiens…rends nous notre épanouissement sexuel. À lire sur Roseaux.co […]

Réponse

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.